Les
Français ont leurs écrivains martyrs de la grande guerre - Péguy,
Radiguet, Pergaud - les témoins rescapés
de ces ténèbres - Barbusse, Genevoix, Dorgelès - et bien d'autres,
les Allemands ont - Ernst Jünger, Maria Remarque - Les Anglais ont
leur poète -Wifred Owen- Mort le 4 novembre 1918 , post romantique,
celui ci se révèle en enfer et meurt à 25 ans une semaine avant
l'armistice sur le canal de la Sambre. Je ne connaissais pas. C'est
très beau. Je vous livre cette Etrange rencontre et sa fin
prémonitoire : «Dormons maintenant». La maison forestière où il
a passé sa dernière nuit à Ors dans le Nord a été transformée
en musée. Blanc fantomatique, le toit traité comme un livre
ouvert, un peu trop formaliste peut-être mais fort, il nous parle
de l'homme, de ses camarades, de leur fin et nous rappelle que l'art éclot partout, même dans la boue.
...Car par ma joie beaucoup d’hommes auraient ri.
...Car par ma joie beaucoup d’hommes auraient ri.
Et de
mes sanglots quelque chose est resté,
Qui doit
mourir à présent. J’entends la vérité celée,
L’horreur
de la guerre, l’horreur qu’elle distille.
Maintenant
les hommes se satisferont de notre gâchis
Ou,
mécontents, laisseront parler le sang et seront répandus.
Ils
seront vifs comme la tigresse.
Aucun ne
rompra les rangs, les nations fuiraient-elles le progrès.
J’avais
le courage et j’avais le mystère,
J’avais
la sagesse et j’avais la maîtrise :
J’aurai
manqué le départ en ce monde en retraite
Pour de
vaines citadelles auxquelles manquent les murs.
Alors,
beaucoup de sang ayant bloqué les roues de leurs chariots,
Je me
serais levé, je les aurais lavées à l’eau douce des puits,
A coups
de vérités trop profondes pour qu’on les souille.
J’aurais
versé mon âme sans hésiter,
Mais pas
par mes blessures, pas sur le fumier de la guerre.
Les
fronts des hommes ont saigné sans plaies.
Je suis
l’ennemi que tu as tué, mon ami.
Je t’ai
reconnu dans cette obscurité : car ton regard fut pareil
Hier
quand tu me perças, me tuas.
Je
parai, mais mes mains étaient lasses et froides.
Dormons,
maintenant…"