samedi 26 mars 2022

EN CHEMIN

 


Avant le grand départ, il faut se préparer. Les premières ballades de printemps tiennent lieu de tests. On se voyait déjà arpentant les cimes élancées d'un pas alerte et l'on souffle lamentablement dans un bois en pente. Argggh ! On prend l'eau à la première pluie. Flic-Flac ! On s'embourbe dans la gadoue d'un chemin spongieux. Sproutch ! Notre ardeur de sherpa du dimanche s'altère face au poids du sac. Ouf ! Le premier bivouac  casse notre vieux squelette. Crac !... Bien sûr, ces questions de matériel: tarp ou tente, pantalon de pluie, réchaud, choix du duvet, prévention des tiques paraissent dérisoires face aux affres du peuple ukrainien. Mais, après tout, les "résistants facebookiens" n'arrêtent pas non plus les colonnes de chars russes.  Il faut partir.  Avec qui, où, quand, combien de temps...? On verra bien. L'aventure est au bout du pré. Cette nuit là, ma frontale dans la nuit éclaire le monde. Le chant de la saucisse sur un brasero made by meentonne sur un air de prothèses un chant de liberté. Mars n'est pas que le dieu de la guerre.


dimanche 20 mars 2022

COCORICO



Hier soir le quinze de France de rugby s'est imposé face à l'Angleterre  s' offrant son dixième grand chelem depuis la création du tournoi. Défense de fer, inspiration, sang-froid, esprit de groupe témoignent de la vigueur de cette jeune équipe et de l'intelligence de ses dirigeants.  Aucun sport ne me procure autant de frissons. Sorry ! mais je n'arrive pas à oublier le millionnaire derrière le tennisman, le footballeur, le basketteur, le golfeur, le pilote automobile... L'exploit individuel de l'athlète, du boxeur, du cavalier m'émeut moins que la construction forcément collective de ces gaillards. Le skieur, le nageur, le voileux... nous offrent des spectacles monotones. Une ombre plane toujours sur le cycliste (oui,  je sais les hommes forts de la balle ovale ne sont pas forcément clean... ) Bref, j'aime ce jeu, la force, la vitesse, l'adresse et l'intelligence qu'il nécessite. J'aime la diversité des gabarits qu'il promeut. J'aime son public à la fois bon enfant, gentiment chauvin, amoureux du beau jeu et qui, en communion avec ses champions ne veut pas quitter la pelouse. J'aime la complexité  de ses règles et son principe fondamental: "avancer en passant le ballon derrière soi". Excusez mon cocorico matinal, mais en ces temps de discorde, cette petite musique cocardière et son air de concorde me réjouissent.

jeudi 17 mars 2022

LA GUERRE D'ALGÉRIE

Sur la photo, l'un des jeunes gars prenant la pose martiale dans le djebel, est peut-être votre père, votre oncle, ou votre grand-père envoyé du haut de ses vingt ans remettre de l'ordre de l'autre côté de la mediterranée. France 2 nous a offert ces jours ci un documentaire de haut-vol. Du débarquement des troupes françaises en 1830 sur la plage de Sidi-Ferruch  (ah! le coup d'éventail du dey d'Alger),  au projet arabe de Napoléon III où indigènes et européens devaient vivre sur un pied d'égalité d'Alger à Bagdad, à la colonisation de la troisième république, la guerre 14 et le lourd tribut payé par les algériens, les promesses non tenues de citoyenneté, les expositions coloniales, la seconde guerre mondiale, Monte Cassino, les milliers de morts de Sétif ( 8 mai 45 jour de la victoire sur l'Allemagne nazie !), Camus, Messali Hadj, Ben Bella, la quatrième république impuissante, De Gaulle, "je vous ai compris", la "pacification", la "gégène", la "corvée de bois", les paras, les fellagas, les bombardements des civils, les horreurs des deux côtés, les attentats du FLN et de l'OAS, le "quarteron de généraux", l'indépendance, la liesse, le retour d'un million de pieds noirs, l'abandon et le massacre des harkis, Charonne, puis la main d'œuvre bon marché... Tout nous est conté sur ce rêve algérien, ces espoirs déçus et ce fantastique gâchis. Pourquoi les hommes (au service des états) s'ingénient-ils à se massacrer, se mépriser, s'exploiter... au lieu de se respecter, se compléter, s'entraider? Je l'ignore. Rien n'a changé depuis les temps anciens où l'autre: "l'étranger", "le sous-homme", "le métèque" était une menace. La peur, la bêtise, l'avidité, la virilité morbide, la soif de pouvoir... n'ont pas pris une ride. Toutes les guerres sont dégueulasses. Les plaies de celle-ci ne sont pas cicatrisées.

dimanche 13 mars 2022

ANIMAL, ON EST MAL


L'espèce humaine est une espèce animale invasive. Comme  certains frelons, moustiques, écrevisses, chenilles ou crapauds, elle s'introduit dans des zones hors de sa répartition et y modifie l'écosystème. Prolifique comme le lapin, l'espèce humaine est envahissante (1,7 milliard en 1900. 7 milliards aujourd'hui).  Douée d'agressivité, comme le rat ou le chat  elle est prédatrice et prélève inconsidérément sur les autres espèces. En haut de la chaîne alimentaire, l'espèce humaine n'a pas de prédateur, à part quelques virus et bactéries. Ses sociétés ressemblent de loin à celles des fourmis ou des termites, avec reines,  ouvrières,  soldats et villes tentaculaires. Les sociétés humaines sont hiérarchisées comme les sociétés de loups qui hurlent  et chassent en meute. Mais l'espèce humaine est singulière. Par son génie et dans sa folie, elle a inventé les outils de sa propre destruction. Elle a crée les conditions pour qu'un seul de ses membres, doté d'un ego malade (et après lui un autre...) puisse provoquer l'apocalypse. Inéluctablement, ce moment  arrivera. Or l'homme résiste mal au feu nucléaire et aux radiations. Le cafard, oui... Les grandes projections sur l'âge de la retraite à l'orée de 2050 me laissent perplexe. L'ère des hommes est en passe de se terminer. Celle des blattes ou cancrelats se profile.

mercredi 2 mars 2022

TROIS GUERRES... BONJOUR LES DÉGATS


On a coutume de dire que le XXème siècle a commencé en 1914 avec la première guerre mondiale. Bienvenue dans le XXIème. Entre catastrophe climatique actée, cohorte de réfugiés, spectre du cataclysme, nous y sommes. Ne jouons pas les tartuffes: des guerres, en ce moment il y en a d'autres... en Afrique, au Moyen Orient, en Asie, qui ne nous traumatisent pas. Mais celle, engagée par le petit homme des steppes, encadré de quelques galonnés frappe nos esprits. Elle se produit à nos portes et s'accompagne de menaces nucléaires. Bluff ou pas... Les 6000 ogives russes sont dans les râteliers. Les 5000 américaines trépignent. Nos sous-marins sont en alerte rouge. On voit la limite de la dissuasion nucléaire quand elle devient arme de chantage entre grandes puissances. Je vous épargnerais les fiches techniques des bombes à fusion ou à fission, des missiles pouvant frapper à 10000 kilomètres en une demie heure et la perspective d'une guerre nucléaire généralisée, où les survivants envieraient le sort des morts. Déjà que le gaz va augmenter ! Comme toujours, les belliqueux jouent à la guerre, les  hypocrites bon-teint, gendarmes du monde font mine de s'indigner mais l'entretiennent... et au final les peuples trinquent. Saint-Exupéry en 1943, signe le Petit Prince et lassé de nous, s'enfonce en méditerranée. Il nous laisse quelques fusées éclairantes dans la nuit. "Il ne savait pas que pour les rois, le monde est très simplifié. Tous les hommes sont des sujets" ou "Toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants, mais peu d'entre elles s'en souviennent."