Sur la photo, l'un des jeunes gars prenant la pose martiale dans le djebel, est peut-être votre père, votre oncle, ou votre grand-père envoyé du haut de ses vingt ans remettre de l'ordre de l'autre côté de la mediterranée. France 2 nous a offert ces jours ci un documentaire de haut-vol. Du débarquement des troupes françaises en 1830 sur la plage de Sidi-Ferruch (ah! le coup d'éventail du dey d'Alger), au projet arabe de Napoléon III où indigènes et européens devaient vivre sur un pied d'égalité d'Alger à Bagdad, à la colonisation de la troisième république, la guerre 14 et le lourd tribut payé par les algériens, les promesses non tenues de citoyenneté, les expositions coloniales, la seconde guerre mondiale, Monte Cassino, les milliers de morts de Sétif ( 8 mai 45 jour de la victoire sur l'Allemagne nazie !), Camus, Messali Hadj, Ben Bella, la quatrième république impuissante, De Gaulle, "je vous ai compris", la "pacification", la "gégène", la "corvée de bois", les paras, les fellagas, les bombardements des civils, les horreurs des deux côtés, les attentats du FLN et de l'OAS, le "quarteron de généraux", l'indépendance, la liesse, le retour d'un million de pieds noirs, l'abandon et le massacre des harkis, Charonne, puis la main d'œuvre bon marché... Tout nous est conté sur ce rêve algérien, ces espoirs déçus et ce fantastique gâchis. Pourquoi les hommes (au service des états) s'ingénient-ils à se massacrer, se mépriser, s'exploiter... au lieu de se respecter, se compléter, s'entraider? Je l'ignore. Rien n'a changé depuis les temps anciens où l'autre: "l'étranger", "le sous-homme", "le métèque" était une menace. La peur, la bêtise, l'avidité, la virilité morbide, la soif de pouvoir... n'ont pas pris une ride. Toutes les guerres sont dégueulasses. Les plaies de celle-ci ne sont pas cicatrisées.