dimanche 28 février 2021

TRI YANN


Une fois n'est pas coutume... je parlerai aujourd'hui de musique sans enterrer un artiste. Covid et âge obligent, les Trois-Jean de Nantes raccrochent le biniou. Après cinquante ans de carrière, nos trois têtes blanches chantent une dernière fois "Je m'en vas". Dans les années 70, le folklore avait reconquis ses lettres de noblesse. En Bretagne Stivell, Servat, Dan Ar Braz et Tri Yann en étaient les ambassadeurs, en Alsace Siffer, en Catalogne Llach... D'autres voix sont venus, depuis: Gwennyn, Soldat Louis, Denez Prigent (ah! "Gortoz A Ran" tous poils dressés) d'autres nostalgies: Miossec (wahhh! Tonnerre de Brest) ou même Nolwenn Leroy. En 76, un ami breton, mort depuis, me faisait découvrir "La découverte ou l'ignorance". Adieu jeunesse... Plus tard, la Jument de Michao accompagnera à leur tour mes fils.  Merci aux trois paladins celtes d'avoir enrichi mes vingt ans, et peut-être plus encore d'avoir crée une passerelle entre cette culture française que j'aime tant et les cultures régionales qui en sont des pépites. Pelot d'Hennebont -Homme de granit, n'en finit pas de se battre "Ma chère maman je vous écris, que nous sommes entrés dans Paris..." 


mercredi 24 février 2021

LA PLANCHE

La planche ou Morceau d'Architecture est un exercice auquel  s'adonnent les Frères et Sœurs même si tous ne s'y confrontent pas. Une fois le thème posé et accepté par le VM, il faut se lancer à l'eau et découvrir que si l'on a un intérêt pour le sujet, on n'en maîtrise pas toutes les finesses. Le "travail"  prend alors son sens. Le soir de l'exposé, certains optent pour la prise de parole libre avec notes. D'autres (dont je fais partie) pour la planche lue. La première est plus vivante. La seconde plus figée. L'idéal est d'arriver à exprimer sa pensée sous forme de causerie avec la rigueur de l'expression écrite. Il faut pour cela affermir ses talents d'orateur. Les écueils à éviter, à mon sens sont la surenchère intellectuelle, l'avalanche de références dont rien de personnel n'émerge, la parole conforme à la doxa maçonnique et... la longueur de l'exercice.  "Gadlu qui est à l'Orient, délivre nous du pensum, suivi de prises de parole interminables en trois points". Dans les semaines à venir je plancherai sur la caricature et le rire, sujet qui peut être "mortel" au propre comme au figuré, ou que certains ne trouveront pas "maçonnique". Mon avis diffère. La pensée peut-elle circuler si la libre parole y est interdite?

lundi 22 février 2021

HÉLÈNE MARTIN

Malheur ! Ce blog va devenir une rubrique nécrologique. Qu'importe, Il faut bien rendre hommage à cette génération qui s'envole. Hélène Martin va rejoindre Ogeret, Ferrat, Aragon, Giono, Ferré, Neruda, Genet... Sa mise en musique du Condamné à mort n'a plus quitté ma tête depuis 1982. Allez réécouter: "Sur mon cou, sans armure et sans haine, mon cou." Version Marc.O ou E. Daho,  les deux sont bonnes. Terminez par la voix incandescente d'Ogeret qui chante le Feu, poème Aragon, musique Martin. "Toute ma forêt, je suis là qui brûle." Vous n'aurez plus jamais froid. 

vendredi 19 février 2021

THÉRÈSE RAQUIN

Thérèse Raquin: troisième roman de Zola, paru en 1867. L'écrivain nous plonge à Paris -passage du Pont Neuf (aujourd'hui détruit) dans un huis clos nauséeux. Le drame se joue en quatre actes. Le premier est celui du mariage et de l'ennui, le second celui de l'adultère et de l'épanouissement des sens. Le troisième dépeint le meurtre du mari qui semble être un frein à la concupiscence des deux amants. Le quatrième  mélange remord, haine et violence des anciens amants, mariés après leur forfait et hantés par le fantôme du noyé. Leur suicide/meurtre simultané les délivre de la folie, sous les yeux de la vieille mère paralytique et muette. Ami de Manet, Cézanne et Pissaro, Zola signe une oeuvre naturaliste magistrale et "glauquissime", peinture de tempéraments fiévreux plus que de caractères.  L'auteur sera éreinté par la critique. Aurais-je apprécié à l'époque? Rien n'est moins sûr. 

dimanche 14 février 2021

SAINT-JUST

Selon les auteurs: Archange de la mort - de la terreur - de la révolution... le tribun Saint-Just incarne ces irréductibles Jacobins, toujours plus intransigeants dans leur quête d'égalité et de vertu idéalisées. Les autres groupes à peine plus modérés ou plus populaires feront les frais de cette surenchère paranoïaque: Girondins, Hébertistes, Indulgents,  Francs-maçons épris des idéaux des Lumières. Il tombe à son tour le 9/10 thermidor (27/28 Juillet 1794) avec Robespierre. Il a 26 ans. On lui doit quelques fulgurances: "Un roi doit régner ou mourir"  "Pas de liberté pour les ennemis de la liberté", "Le bonheur est une idée neuve en Europe", "Celui qui ne croit pas à l'amitié, ou qui n'a point d'amis, est banni", "Les révolutions sont moins un accident des armes qu'un accident des lois", "Quand tous les hommes seront libres, ils seront égaux; quand ils seront égaux ils seront justes". Ainsi que Organt, poème érotico-mythologico-révolutionnaire de 8000 vers, de nombreux écrits théoriques, une contribution à la bataille de Fleurus, la Constitution des droits de l'homme et du citoyen (1793) qui n'a aucune valeur dans celle de la Ve république, et quelques portraits ou bustes. Eloquent, jeune et joli garçon le nivernais de Décize a fait tourner quelques têtes et en a fait tomber encore plus. Laissons lui le mot de la fin - la sienne peut-être : "Tous les arts ont produit des merveilles: l'art de gouverner n'a produit que des monstres". 


lundi 8 février 2021

TARKOVSKI

 

 

"Je pense qu'un des aspects les plus tristes de notre temps est la destruction dans la mentalité des hommes de tout ce qui avait un lien conscient avec le beau "

 

Tarkoski.  Le temps scellé

mardi 2 février 2021

STRANGE CASE OF Dr JEKYLL & Mr HYDE

L'étrange cas du Docteur Jekyll et de M.Hyde est un court roman publié en 1886 par Robert Louis Stevenson (
Oui, celui de l'ile au trésor !) Incontournable de la littérature fantastique c'est une allégorie prémonitoire de ce que  Freud théorisera 30 ans plus tard:  le double ou la personnalité inconsciente, la lutte entre  Moi, Ça et Surmoi, le refoulement, l'abject, l'interdit, le refoulé qui jouit du mal à l'état pur. L'écossais qui ira mourir aux iles Samoa (1894), où il est enterré sous le nom de "Tusitala" joue avec nos nerfs, dans une partie de cache-cache haletante, aux règles troubles entre pulsions et interdit, entre  morale et désir. Dans un mimétisme avec l'architecture victorienne il franchit les portes de la respectabilité bourgeoise, et s'introduit derrière les grilles et les façades bien ordonnées de notre âme. Sur cour, le monstre n'y dort que d'un œil. Ah oui... Hide signifie se cacher. Un hasard sans doute.

"C’était vers trois heures du matin, par une sombre nuit d’hiver. Toute la ville dormait, tant et si bien que je me retrouvai peu à peu dans l’état d’esprit de quelqu’un qui dresse l’oreille de plus en plus au point d’en venir à souhaiter l’apparition d’un agent de police. Tout à coup j’aperçus deux silhouettes : la première, celle d’un homme qui marchait d’un bon pas vers l’est, l’autre, celle d’une fillette qui arrivait par une rue transversale en courant à toutes jambes. Vous devinez la suite. A l’intersection, ce fut la collision. Mais ce n’est pas tout : ce qui suit est horrible… Figurez-vous que l’homme en question foula froidement aux pieds le corps de la fillette et l’enjamba en la laissant hurlante de douleur sur le pavé. Ça n’a l’air de rien à entendre mais c’était une vision d’Enfer. L’individu n’avait plus rien d’humain, c’était je ne sais quel monstre satanique et impitoyable"