vendredi 12 novembre 2021

BARRY LINDON

Barry Lindon. J'aime ce film de 1975. La minutie des costumes, la photo, les éclairages aux chandelles, les scènes de batailles, de duels, l'affiche, la musique (Sarabande, trio à cordes et piano)... mais aussi  l'intrigue et le personnage. Barry, intrigant irlandais évolue dans la société britannique du XVIIIème siècle. Simple soldat, officier par usurpation d'identité, déserteur, tricheur au jeu, trousseur ou détroussé, débauché, querelleur, veule, violent, courageux, amoureux... L'homme aspire à la consécration sociale et la rencontre en séduisant la riche comtesse de Lindon. Arrivé au pinacle, la chute n'en sera que plus dure. Ce film est moderne. Ambition, opportunisme, maladie, guerre, amitié, chagrin, passion, cynisme, amour filial, vengeance, mort... Rien que des thèmes éternels. Merci Stanley Kubrick, merci Ryan O'Neal, qui ne retrouvera jamais un aussi beau rôle, merci aux chers morts Hændel et Schubert. Gloire au baroque annonçant le romantisme, sa mélancolie et ses instants de grâce. 

dimanche 7 novembre 2021

DU CÔTÉ DE VITRY...

Quel fleuve coule à Paris ? La Seine ou l'Yonne ? Les règles hydrographiques sont formelles... Sous le Pont Mirabeau coule l'Yonne. Bon ! A deux encablures de Bercy, sous le pont de Charenton coule la Marne qui rejoint la Seine (pardon l'Yonne !) entre autoroute, périphérique et voie ferrée. Saint-Maurice la bourgeoise et le bois de Vincennes sont à deux pas. Par les quais, rendus aux vélos on tourne le dos à la tour bancale de Jean Nouvel. Ce ne sont pas des quais somptueux, plutôt une zone interlope au charme discret mais réel. Spectaculaire passerelle béton taguée, où de pauvres bougres ont installé leur tente derrière un pilier,  ateliers et entrepôts en brique, péniche au propriétaire atteint du syndrome de Diogène,  skatepark cheap... créent une ambiance "réaliste". On dépasse l'improbable Chinagora, si improbable que sa présence devient fascinante. La kitschissime réplique de la cité interdite dresse ses toits en pagode aux portes de Paris... Dans un souci de dépaysement les touristes asiatiques viennent y manger et dormir. Mais déjà Vitry se profile. Un mélange d'artères sans âme, de boulevards tristes et de petites rues aux pavillons en meulière évoquent Léo Mallet ou Céline. Sous les pavés déchaussés, des arbres se dressent encore, mais l'arrêté préfectoral menace. La gentrification aussi. Un théâtre lové dans une vieille gare, quelques restos alternatifs, des rues aux noms de résistants et de maires communistes rappellent que Vitry fut une cité rouge. Lors de ce court séjour, nous irons une fois en vélo à Paris: quais que se disputent piétons et cyclistes enragés, jardin des Plantes inondé de monde, places fourmillant de touristes, danger à chaque coup de pédale... nous le feront regretter. Je tente une prière... "Notre Dame qui êtes en chantier, préservez-nous de la foule, des trottinettes et de l'agitation du monde. Ainsi soit-il."