Le titre du film-documentaire claque comme un fouet ! Raoul Peck réalisateur haïtien y brosse le visage de l'oncle Sam dans une palette où domine le noir... celui de la peau des afros-américain d'après guerre. Exit John Wayne, Gary Cooper, Robert Kennedy; place à Harry Belafonte, Ray Charles, Sydney Poitier. Cette plongée dans le manuscrit inachevé de James Baldwin et dans la fin tragique des trois grands leaders noirs : Medgar Evers, Malcolm X, Martin Luther King, nous laisse pantelants. L'image de l'homme blanc et du pays de la liberté est "un peu" écornée dans cet opus. Il dépeint les névroses d'une Amérique blanche, chrétienne, esclavagiste, violente, vengeresse, policière mais en définitive terrorisée par l'autre - L'Autre : l'Indien ou le Nègre qu'elle supprime, asservit, écarte, humilie... Dans cette métaphore lumineuse de la domination nous assistons à notre propre pendaison. Corde au cou, nous regardons nos meurtriers aux yeux révulsés - Nous mêmes... frapper, invectiver et hisser en haut de la branche notre humanité. On perçoit dans les yeux intelligents de Baldwin, dans sa voix - la peur, la révolte légitime et le degré de souffrance que cette communauté a dû (et doit encore...) éprouver. Laissons Joey Star qui prête sa voix rocailleuse à la version française conclure: "L'histoire des noirs en Amérique c'est l'histoire de l'Amérique et ça n'est pas une belle histoire !"
PS: Le petit rayon de soleil dans ce tableau en grisaille est que Baldwin écrivain, noir, américain, homosexuel passa des jours heureux en France avant de retourner au combat dans son propre pays. Comme quoi ...