samedi 26 octobre 2019

LE CALUMET DE LA PAIX


Tout est noir... les danseurs, les survets à capuche, les murs, le sol, la lumière, la chorégraphie violente et saccadée, véritable simulacre de combat. Une fois la black et inquiétante "battle" acceptée, concentrez vous sur l'essentiel - C'est magnifique. Le thème entêtant de Jean-Philippe Rameau, la tension des corps, la prise de vue, l'invention, la gestuelle et les mimiques des filles et garçons pulsent cinq minutes d'énergie pure. Vues par Clément Cogitore en 2017, chorégraphiées par Bintou Mendele, Grichka et Brahim Rachiki, investies par des danseurs de Trunk  genre né dans les ghettos de Los Angeles, qui sous des apparences guerrières prône la non-violence, ces Indes Galantes sont sauvages. (La version longue de l'Opéra est-elle aussi réussie? Pas sûr...) Une confirmation: l'art est la rencontre de tous les hommes et de toutes les époques, la danse l'expression salvatrice des corps et des passions. Une question me taraude. Pourquoi dans notre société plurielle, aussi peu de députés ou de frères de couleurs dans l'hémicycle ou sur les colonnes ? Le communautarisme sévirait-il partout ?



mercredi 23 octobre 2019

LA LIGNE CLAIRE


Comme une maison, le corps accumule. Ici au grenier, là sur la bedaine. Une barde de lard s'est installée à la taille, sur le cou, dans les joues... Bascule et miroir en témoignent. Silhouette épaissie, articulations douloureuses, souffle court. Le temps où l'on grimpait la corde  à la force des bras est loin... Ce mauvais suif a donné quelques coups de canif au contrat passé avec son corps il y a  40 ans. Le moment où il faudra le rendre se rapproche. J'aimerai m'en séparer dans un état au plus proche de celui d'origine, comme mes idées ou mes rêves de gamin. Le moins dénaturé possible. Question d'honnêteté.

dimanche 20 octobre 2019

LE VIDE

Faire le vide. Trier, jeter, donner, vendre... est une opération salutaire dans une maison et une vie. Au fil des ans, des décennies... les objets, bouquins devenus poussiéreux, invisibles, le matériel, les vêtements, les  dossiers  se sont accumulés dans les armoires, sur les étagères, dans  les pièces. Le regard est arrêté. La mémoire encombrée, noyée dans un mur...
-Inutile et  superflu. 
-Respiration. 
L'exercice est dévoreur de temps, fatigant, indispensable.
Vous n'emporterez rien. Que vos souvenirs affublés de quelques sourires ou rictus.
Essentiel substrat
-L'espace.
Avant le grand saut dans le vide et dans le temps. 





samedi 12 octobre 2019

UNE RENCONTRE IMPROBABLE


La vie, son charme, ses surprises. Il y a quelques jours au bord de la route un être étrangement accoutré tend le pouce. Je m'arrête. 
-Vous passez par le col de L...?   
-Oui, Montez.
Un jeune homme élancé prend place dans la voiture. Look d'enfer ! Barbichette, chapeau de feutre, canne torsadée, baluchon cylindrique, pendentifs interminables à l' oreille. Je le félicite. Il me remercie.
-Mais, vous êtes compagnon ?
-Oui, Monsieur... Je viens  faire un chantier par ici. 
Il m'explique le pacte des trois ans et un jour sans revenir dans sa famille, le tour de France et d'Europe, l'obligation de se déplacer sans payer, sans portable, son engagement dans une guilde de compagnons allemands, la difficulté de se poser et de faire sa vie, son décalage avec le reste de la société, le plaisir de parler français... Pourtant il est français ! Le trajet passe le temps d'un songe. Le col de L... nous rattrape et nous sépare. Un salut cordial, mon passager, un des 500 compagnons allemands en pantalon  noir à pont, gilet et veste côtelé, boutons de nacre s'éloigne. Il m'a dit son nom de sociétaire "wandergesellen honnête charpentier et couvreur" mais en allemand... je n'ai pas retenu. J'aime les rencontres improbables, la vie, son charme, ses surprises. 

vendredi 4 octobre 2019

LAUDATO SI'


"Loué sois-tu" - Dans une longue et personnelle encyclique de 2015  le pape François tutoie Dieu et adresse  aux humains un réquisitoire contre leur modèle économique basé sur la cupidité, l'inégalité, la spéculation, le gaspillage, l'épuisement des ressources, le déni, le cynisme. Celui ci dégrade vivants et environnement, pollue, provoque guerres et malheurs, avilit et déréglant le climat - bien commun de tous  conduit à l'auto-destruction. Il le fait sur les pas de Saint François  "Le-très-bas"  environné d'oiseaux. Mais il n'y a plus d'oiseaux. Ce pape là invite hommes et femmes de tous horizons et confessions  à repenser une nouvelle solidarité universelle, pour réparer les dommages causés par les abus à l'encontre de la maison de Dieu. Dans sa foi, il l'appelle ainsi... Cela le regarde. Appelons la maison des hommes et nous serons d'accord. Les mots ne sont que des fantômes prêts à disparaitre. Ceux d'un autre J.C parti ces jours ci s'envolent... "La maison (continue de) brûler et nous regardons (toujours) ailleurs."  Lisons, relisons cet appel  loin des idées préconçues et des dogmes. Je ne suis pas sûr que les puissants de ce monde apprécient beaucoup cette bombe venue de Rome...