lundi 26 juillet 2021

RIMBAUD, TESSON ET MOI

 


Rimbaud. Quelle vie de m...! Selon que vous aimiez les mots : météore, magnificence, maraude, matamore, mouvement, magie mystère... vous viendront à l' esprit, ou que vous leur préfériez les chiffres :  malheur, misère, malédiction, merde... vous effleureront les lèvres.  Une chose est sûre, la vie du "passant considérable" ne suinte pas le bonheur. Le petit livre orange de Sylvain Tesson "Un été avec Rimbaud" nous le rappelle. Son auteur avait occupé les ondes d' Inter sous forme de feuilleton  durant l'été 2020. Grand manieur de mots et grand voyageur lui-même, Tesson, une fois encore s'était attaqué à un sommet et y avait planté sa sergent-major. Rappel des faits.  Un gamin prodige des Ardennes, fort en thème, devenu fugueur, voyou, homosexuel avant l'heure par mépris des conventions, voyant aux sens déréglés... en deux mille vers dynamite la poésie rance d'un second empire et d'une république bourgeoise, pensant changer le monde, réinventer l'amour. Mais, rien ne change rien. Alors imaginez... les illuminations d'un enfant qui vole !!! A vingt ans. Il a tout dit. Extinction du feu ou appel du réel? Mystère ! mais le réel sera cruel. Les fleuves le laissent descendre où il voulait, de ressacs en courants vers les soleils d'argent africains. L'ennui, la souffrance, les fournaises du Harar sont ses compagnons, les marches forcées ses étreintes, la soif son extase. Trois photos, cents lettres de plainte, mille fusils et quinze ans plus tard, il rentre vers la vieille Europe, ceinture de pièces d'or à la taille,  tumeur  au genou. Il quitte la mer Rouge pour sa mère noire. Une sœur l'attend à Marseille. La mort aussi. Fin de l'histoire - Début du mythe. Quelques adolescents rêvent encore de finir en roi Arthur. Une poignée d'idolâtres,  portrait de Carjat tatoué sur le cœur s'illusionne de croiser son fantôme en Abyssinie dans quelque regard de noyé. Pardonne nous, "Rimbe" de perturber tes bleuïtés de squelette. Tesson, au moins a t-il une excuse... Il fait la promo de sa propre saison en enfer.

Je n'en ai pas !  Cela te fait une belle jambe. 




 



lundi 19 juillet 2021

MAYA-MAYA



Bien que truffé de contrevérités historiques, et d'exagération sur la barbarie sacrificielle de la société maya, le film décrié Apocalypto de Mel Gibson fait mouche et me remplit de curiosité envers cette civilisation. Le souffle d'aventure et les images chocs, sans doute...  Contrairement aux cités aztèques, les grandes cités mayas ont déjà été abandonnées lorsque les espagnols y pénètrent. Elles  constituent des sites archéologiques purs. Pourquoi cette civilisation alors dans sa période classique (entre 300 et 900 après JC ) celle des pyramides à degrés a t-elle décliné puis disparu ? Guerre généralisée entre cités rivales, jeu de pouvoir entre élites et familles royales, invasion, climat, sécheresse, famine, surpopulation, surexploitation des forêts tropicales et appauvrissement des sols ... ou conjugaison de tous ces facteurs. Si les conquistadors enfoncent le clou en mettant à mal les dernières organisations mayas en particulier par le biais de maladies inconnues pour elles, en réalité, les populations n'ont pas disparu, mais ont abandonné leurs cités médiévales. Une crise de civilisation urbaine a provoqué cette forte migration diluant les masses dans des cités annexes, les campagnes, loin des prêtres mégalos, des rois belliqueux, des élites inutiles... Moins d'astronomie, de prédictions, de temples, d'œuvres d'art, d'écriture, de mathématiques, de sacrifices... Plus de petites communautés et de quiétude, peut-être !?  A méditer pour l'effondrement à venir...


jeudi 8 juillet 2021

ÉCO-TONTON...POURQUOI TU TOUSSES ??

 


Dernièrement, un neveu m' appelle, voulant connaitre mon point de vue sur le sujet. Il m'avoue être gagné par l'éco-anxiété, forme d'angoisse liée au sort de la planète  du vivant, et du genre humain. En prévision des jours à venir "difficiles"  son métier de chanteur d'opéra lui semble vain, la naissance programmée de son enfant irresponsable, l'avenir irrespirable... 

Je l'interroge. 

- Suis-je le mieux placé pour te rassurer?

-Oui, me dit-il car je connais tes convictions, mais je veux savoir comment tu fais pour garder de l'énergie malgré ces vilains nuages à l'horizon. Mon père ne m'est d'aucun secours car il se cramponne à un scénario heureux comme à une bouée.

Le reste de la conversation nous appartient. Peut-être avons nous prononcé les mots: déni, musique, peur, lucidité, espoir, lutte, vérité, vivre debout, résilience, regret, résistance, énergie, jardin, gâchis, suicide collectif, joie, violence, éveil des consciences, mort, image de soi, immigration, guerre, fils, filles, grands-parents, élites défaillantes, engagement politique, passivité, aveuglement... Peut-être pas !

Il a raccroché. Cet appel l'a t-il apaisé, je l'ignore. Sans doute autant que le mensonge.


 

samedi 3 juillet 2021

LES TRIBUNS

 


J'aime écouter la plupart des tribuns, intellectuels, politiques, orateurs. J'aime ceux qui par la parole articulent leurs idées, les rendent audibles, compréhensibles, séduisantes... J'aime les arguments des autres, la chaleur de leurs voix, leur culture au service d'une vision. J'aime leur conviction, leur mauvaise foi, leur aveuglement, leurs stratagèmes balayés par d'autres partis pris, ceux de leurs détracteurs. Autant vous dire que je passe du temps à écouter des "intelligences" sur la toile en travaillant. Par ordre d'apparition à l'écran: Onfray, Bégaudeau, de Lagasnerie, el Razhoui, Polony, Jancovici, Mélenchon, de Villiers, Barreau, Branco, Chouard, Larrouturou, Todd, Buisson, Servigne, Ruffin, Zemmour, Stiegler, Glanz, Pinçon-Charlot, Plenel... aucun ne me dérange, quel que soit son regard: droitier, catastrophiste, partisan, libertaire, zadiste, souverainiste, révolutionnaire...  Chacun y voit clair selon son éclairage, aucun ne voit trouble selon sa focale. Tel Ulysse, accroché à son mât, j'écoute le chant des sirènes sans être attiré par le fond. Dans le débat, seule une aigreur perceptible, un ego trop prononcé, la suffisance et l'agressivité me font trouver l'orateur suspect, ainsi que le manque d'humour. On dit que les grands génocidaires, les dictateurs, les ayatollahs de tout poil en manquent cruellement. Ils se confrontent rarement au débat contradictoire, haranguent, attisent la haine et invectivent. Au pied de la tribune, le bâillon, la corde, la balle, le glaive, l'acide et quelques livres fétides... les rendent persuasifs !