samedi 26 août 2017

VOYAGE-VOYAGE...



Au dessus des vieux volcans 
Glissent des ailes sous le tapis du vent 
Voyage-Voyage 
Éternellement ....  Cette chanson des années 80 nous incitait à arpenter le monde. Mais... qu'est ce que voyager aujourd'hui ? Quelle corrélation entre la déambulation motorisée, la vitesse, le tourisme... et la lente approche, le nécessaire dépouillement, la rencontre - que l'acte implique? Sommes nous des voyageurs quand nous arpentons les routes - maison sur le dos dans un camping-car, quand l'avion nous téléporte dans le Hoggar en trois heures pour un tour de chameau, quand barda sous le bras nous allons faire du golf et siroter des cocktails à l'autre bout du monde - quand nous sillonnons les mers sur des buildings flottants dévoreurs de gas-oil et quand déjà soucieux du retour nous figeons l'image du départ sur notre portable... Lors de nos voyages de noces, d'affaires, organisés, "tout compris"... sommes nous plus lumineux que Jean de La Fontaine qui s'est aventuré -dit-on, une fois à Limoges au cours de son existence ?  Alors oui, je sais !  "Le chemin" "Le voyage intérieur" " les 5 voyages "... mais si "voyager c'est avancer nu" je m'interroge: sommes nous prêts dans nos vains, coûteux et arrogants déplacements à affronter notre impudique nudité ?

lundi 14 août 2017

BÉRÉZINA



1812. Napoléon s'est laissé piéger par Koutouzov, Moscou incendiée, la terre brulée et l'hiver russe. Entre "aller en fanfare et retour en guenilles"  200000 des 440000 hommes de la grande armée vont périr à Borodino,  Smolensk, ou la Moskowa... de faim, de froid, d'épuisement, tués par les cosaques ou les poux de Vilnius. Avec quelques amis des deux bords, Sylvain Tesson enfourche sa moto Oural sur les traces des armées napoléoniennes en déroute - Fiche technique: 15 jours à 80 km heure entre la Place Rouge et celle des Invalides à travers les plaines russe, lituanienne, polonaise, prussienne... C'est un essai sur l'absurdité de la guerre teintée d'une interrogation sur le mental de ces soldats, fantômes en haillons, qui marchent jusqu'à l'enfer, s'étripent, dévorent leur chevaux, pillent, se jettent dans le feu d'un bivouac, se noient dans la Bérézina pour la gloire déjà évanouie d'un Alexandre corse, jalonnant la route impériale de leurs cadavres. Ce pari un peu vain - comme la campagne de Russie laisse le goût amer de la dureté et l'infortune des hommes aspirés par l'histoire mais nous renvoie à nos aspirations présentes de confort sur fond de haut débit et de réchauffement climatique.

dimanche 6 août 2017

D'ABBADIA



Seconde moitié du XIXe. Antoine d'Abbadie fait construire sa demeure sur la côte Basque près d'Hendaye et lui donne son nom "d'Abbadia". Grand voyageur, il la veut face à la Rhune, surplombant la mer et dégagée afin d'abriter ses travaux d'astronome. Edmond Duthoit collaborateur de Viollet Le Duc  préside aux travaux. Des crocodiles en pierre, des serpents gardent la porte d'entrée. L'ensemble est dans le gout néo-gothique et éclectique de l'époque: un vestibule sombre aux fresques évoquant les voyages en Ethiopie du jeune homme, des chambres aux riches tapisseries polychromes, de longs corridors aux boiseries travaillées organisent l'espace. Un étage entier est dévolu au travail: observatoire, bibliothèque, bureau... Spectaculaire, cette construction est révélatrice du couple qui l'habite et de son rapport au monde. Bâtie comme un petit château crénelé, flanqué de tours, de gargouilles, peu percé, qui défit le temps, les hommes, les éléments et s'en remet à dieu - puisque la chambre de madame domine une chapelle privée, la bâtisse intériorisée s'oppose plus qu'elle ne dialogue avec la nature. Qui étaient Antoine d'Abbadie et son épouse Virginie Vincent de Saint-Bonnet Des intellectuels bourgeois du second Empire, austères, aux airs de châtelains, amoureux de la culture basque.  

-Toujours... pour peu que l'on ai une ; simple, compliquée, prétentieuse, dérangée, ordonnée, sans plan particulier, rigoureuse, clinquante, mystérieuse, modeste, vulgaire ou lumineuse... une maison nous ressemble, une maison nous démasque.