Seconde moitié du XIXe. Antoine d'Abbadie fait construire sa demeure sur la côte Basque près d'Hendaye et lui donne son nom "d'Abbadia". Grand voyageur, il la veut face à la Rhune, surplombant la mer et dégagée afin d'abriter ses travaux d'astronome. Edmond Duthoit collaborateur de Viollet Le Duc préside aux travaux. Des crocodiles en pierre, des serpents gardent la porte d'entrée. L'ensemble est dans le gout néo-gothique et éclectique de l'époque: un vestibule sombre aux fresques évoquant les voyages en Ethiopie du jeune homme, des chambres aux riches tapisseries polychromes, de longs corridors aux boiseries travaillées organisent l'espace. Un étage entier est dévolu au travail: observatoire, bibliothèque, bureau... Spectaculaire, cette construction est révélatrice du couple qui l'habite et de son rapport au monde. Bâtie comme un petit château crénelé, flanqué de tours, de gargouilles, peu percé, qui défit le temps, les hommes, les éléments et s'en remet à dieu - puisque la chambre de madame domine une chapelle privée, la bâtisse intériorisée s'oppose plus qu'elle ne dialogue avec la nature. Qui étaient Antoine d'Abbadie et son épouse Virginie Vincent de Saint-Bonnet ? Des intellectuels bourgeois du second Empire, austères, aux airs de châtelains, amoureux de la culture basque.
-Toujours... pour peu que l'on ai une ; simple, compliquée, prétentieuse, dérangée, ordonnée, sans plan particulier, rigoureuse, clinquante, mystérieuse, modeste, vulgaire ou lumineuse... une maison nous ressemble, une maison nous démasque.