lundi 30 août 2021

LES MOTS DE L'ÉTÉ/ 5

 


"Laissez tout vous arriver: la beauté et la terreur. Continuez. Aucun sentiment n'est définitif "               

 

 Rainer Maria Rilke

vendredi 27 août 2021

EN GOGUETTE !

Les goguettes (ne pas confondre avec les guinguettes /cabarets accueillant des bals) sont des sociétés chantantes  qui voient le jour en France vers 1730 et prospèrent tout au long du XIXème. Certaines viennent de plus loin comme le "Consistoire du Gai savoir (1323) ou le "Concert des Enfants de Bacchus" (1630). Lors de soirées joyeuses on rit, on  boit et on s'amuse un soir par semaine en poussant la chansonnette.  Après l'Empire, le nombre des membres est réduit à 19. Les royalistes voyant dans ses réunions des repaires bonapartistes. Paradoxalement cette restriction et la gratuité des prestations renforcent la cohésion des membres. Napoléon III les interdit en 1851,  craignant de voir s'y propager les idées républicaines. Le public y est plutôt populaire,  politisé ou pas, talentueux ou pas, libre penseur ou juste libre buveur,  révolutionnaire ou contre révolutionnaire. Retenez que J.B Clément (l'Internationale/Le Temps des cerises) et A. Thiers, ennemis lors de la Commune  ont été goguettiers au cours de la même période. Certains airs connus y sont nés. "J'irai revoir ma Normandie, Le petit Quinquin, Fanfan la Tulipe..." et Courbet, Baudelaire, Manet, Béranger... les ont fréquentés.... Aujourd'hui quelques unes demeurent et le carnaval de Dunkerque prolonge cette tradition des sociétés chantantes.  L'émission "N'oubliez pas les paroles" témoigne du gout français pour la ritournelle... l'argent, la solitude télévisuelle et les paillettes en plus. Un trio (mais à quatre) Les Goguettes a égayé notre confinement. Tous en choeur avec moi. "Pour moi c'est sûr elle est Pfizer..."



mardi 17 août 2021

HELL FIRE CLUB

A quelques encablures de Dublin,  perchée sur une colline, se dresse une vieille bâtisse étrange: voute de pierre en guise de toiture n'empêchant pas la pluie de s'infiltrer,  ouvertures rares n'empêchant pas le vent de hurler, portes éventrées n'empêchant pas les curieux de rentrer.  Ce pavillon de chasse  construit vers 1725 par William Conolly, politicien et avocat emperruqué,
attire aujourd'hui les fêtards et les amoureux de paranormal. On prête à son feu propriétaire des pratiques occultes et démoniaques, messes noires, débauches, crimes... L'édifice étant en partie bâti avec les pierres d'un cimetière préhistorique, l'ambiance est à son comble. On a du mal à imaginer les chevaux piaffant dans les écuries, les cuisiniers s'activant aux fourneaux au rez-de-chaussée, et les beaux messieurs en habits ripaillant ou lutinant des prostituées à l'étage. Si vous passez la nuit là bas, n'oubliez ni votre frontale, ni votre cape de pluie ni... vos anxiolytiques.

lundi 16 août 2021

LES MOTS DE L'ÉTÉ /4

Celui qui se perd dans sa passion, perd moins que celui qui perd sa passion.                     Saint Augustin

samedi 14 août 2021

PIF LE CHIEN COMMUNISTE



Je vous parle d'un temps que les moins de...  

Pif, petit chien bicolore, anthropomorphe nait après guerre de la plume d'un anarchiste espagnol passé par Mauthausen: José Cabrero ArnaI, et parait d'abord dans Vaillant, l'Humanité, Pif le chien. Le novateur Pif Gadget voit le jour en 1969 et devient un fleuron de la presse communiste. Ce parti qui contribue à l'éducation populaire, à la vie politique et sociale: sport, vacances, culture, sécurité sociale, autogestion... représente à l'époque 20% de l'électorat français. Son magazine hebdomadaire se démarque des comics américains aux super héros par ses personnages prônant la fraternité, le pacifisme, l'anti-racisme, l'entraide, dans des histoires complètes et par son gadget intelligent (ah! les "pifises", les "pois sauteurs mexicains", le "microscope", la "fusée savon"...). La rédaction (moyenne d'âge 22 ans) est constituée de dessinateurs recrutés par petites annonces, d' ouvriers en reconversion ou de grands noms de la BD:  Lécureux-Chéret (Rahan), Goscinny-Gotlib (Gai-Luron) Tabary (couvertures, notices gadgets), Mandryka (Le Concombre masqué),  Hugo Pratt (Corto Maltese),  Ollivier-Kline (Loup noir, Docteur Justice)... Le journal meurt en 94 après l'effondrement du bloc soviétique, repris épisodiquement depuis. Un de ses derniers fossoyeurs: Frédéric Lefèbvre (si-si, vous savez le macrosarkozyste qui adôôôôôrrre lire du "Zadig et Voltaire"...) en fait un truc bas de gamme, inodore, incolore et sans saveur après rachat de la licence à l'Humanité. Il y a quelque chose de pourri au royaume de Corto. Glop-Pas glop dirait Pifou.

VINGT ANS APRÈS


 

jeudi 12 août 2021

LES MOTS DE l'ÉTÉ /3

 


 "L'homme est un animal qui a trahi..."                    Danishmendt

lundi 9 août 2021

ARIGATO J.O

 


La flamme de Tokyo s'est éteinte.  Cris de joie, de douleur, de colère, pleurs,  désillusions, démonstrations de solitude ou de cohésion collective, hymnes... s'envolent déjà vers Paris 2024. Je ne boude pas mon plaisir. Lors d'une convalescence ce spectacle est un bon compagnon. Images folles, interviews, prises d'antenne, individus charismatiques, matchs au sommet, performances, nouvelles disciplines, épreuves pittoresques ou mythiques rythment les journées du "double béquillé" que je suis. Pourtant, dans un contexte sanitaire inédit, ce spectacle planétaire montre son double visage. Celui, souriant de jeunes athlètes sains, aux corps harmonieux, au service de nations fières d'elles mêmes, multicolores, en apparence pacifiques et celui plus grimaçant de nationalismes exacerbés, où politique, argent, compétition à outrance, dopage, dépenses pharaoniques et absurdité écologique accompagnent des cris de victoire rageurs dans des stades vides... pour des gestes vains. "Plus haut, plus fort, plus loin"... Certes, mais "Vers où, Pour qui, Pour quoi faire..." A l'heure où Olympie brule. A l'heure où les prises de conscience collectives devraient l'emporter sur les exploits personnels de gladiateurs modernes, notre quête d'or et de médailles, exutoire à nos frustrations, le vieux slogan "Panem et Circenses", n'est jamais apparu aussi révélateur des fêlures de notre civilisation. 


dimanche 8 août 2021

LES MOTS DE LÉTÉ /2

   


 

 "La pire maladie des hommes provient de la façon dont ils ont combattu leurs maux"                    Friederich Nietzsche

vendredi 6 août 2021

BRASSENS

 

 

 


Brassens a bercé mon adolescence, comme Barbara, Brel ou plus tard Ferré. Tous ont incarné la rébellion du jeune garçon que j'étais, puis du jeune homme. Lui, moquait les bourgeois, les flics, les juges, les curés, l'ordre établi... chantait les arbres, les belles passantes, l'anarchie joyeuse, le vieux Paris, les copains. Je connaissais tout son répertoire.  J'aimais les mots surprenants et subversifs du moustachu, l'apparente simplicité de ses ritournelles. L'époque en quête de commémoration va sonner le clairon (le 22 octobre prochain le sétois aurait eu 100 ans). Il reste au fond de mon cœur, mais je ne l'écoute plus... Aujourd'hui, tout le monde fredonne "Non, ce n'était pas le radeau..." y compris les notaires, les rappeurs aux chaînes d'or. Que chanterait Georges aujourd'hui?  Les chênes brulent partout, Margot ne se risque plus à dégrafer son corsage devant les gars du village, on meurt pour des idées ou plutôt on assassine pour des idées, les cognes bossent au LBD, les gorilles sont en voie de disparition, les "chanteurs voyous" de vingt ans ont l'œil sur leur carrière, le mètre carré est au prix fort dans le XIVème... Fin d'une époque. Jeanne a rejoint sa cane,  Fallet a rejoint Lapointe. Manquerait plus que le Panthéon pour le vieil anar !

jeudi 5 août 2021

LES MOTS DE l'ÉTÉ /1


 "On ne possède jamais une femme. Un homme non plus. Il y a toujours un mystère, un désarroi."                    Irène Frain

dimanche 1 août 2021

HARA-KIRI

 


Hara-kiri ou seppuku: suicide rituel au Japon, par éventration au sabre court (suivie d'une éventuelle décapitation). Les rituels,  la mort symbolique les francs-maçons connaissent, mais là on est dans la "sanquette" et la tripe contenue... Pour les Japonais l'abdomen est le siège de la volonté, du courage, de la pensée et de la conscience de soi. La caste des samouraïs le pratiqua pour expier le déshonneur,  l'échec, la faute, le désaccord... jusqu'à son interdiction en 1868  (puis de façon dispersée: guerre du Pacifique, Mishima...). En 1962, Masaki Kobayashi s'offre le prix du jury à Cannes avec ce thème. Un vieux rōnin (samouraï sans maître) frappe à la porte d'un clan afin de conjurer la misère et s'immoler dans l'honneur. Mais ses intentions sont plus complexes... L'œuvre a plusieurs entrées: film de sabre viril sans machisme, film humaniste d'amour filial, film historique dans le japon médiéval, mais aussi film philosophique et politique où un guerrier  pauvre et solitaire conteste le code moral de façade des samouraïs et le visage grimaçant d'un système féodal totalitaire. En noir et blanc, du souffle et de l'expression, Tatsuya Nakadai impérial. Chef d' œuvre quoi !