La flamme de Tokyo s'est éteinte. Cris de joie, de douleur, de colère, pleurs, désillusions, démonstrations de solitude ou de cohésion collective, hymnes... s'envolent déjà vers Paris 2024. Je ne boude pas mon plaisir. Lors d'une convalescence ce spectacle est un bon compagnon. Images folles, interviews, prises d'antenne, individus charismatiques, matchs au sommet, performances, nouvelles disciplines, épreuves pittoresques ou mythiques rythment les journées du "double béquillé" que je suis. Pourtant, dans un contexte sanitaire inédit, ce spectacle planétaire montre son double visage. Celui, souriant de jeunes athlètes sains, aux corps harmonieux, au service de nations fières d'elles mêmes, multicolores, en apparence pacifiques et celui plus grimaçant de nationalismes exacerbés, où politique, argent, compétition à outrance, dopage, dépenses pharaoniques et absurdité écologique accompagnent des cris de victoire rageurs dans des stades vides... pour des gestes vains. "Plus haut, plus fort, plus loin"... Certes, mais "Vers où, Pour qui, Pour quoi faire..." A l'heure où Olympie brule. A l'heure où les prises de conscience collectives devraient l'emporter sur les exploits personnels de gladiateurs modernes, notre quête d'or et de médailles, exutoire à nos frustrations, le vieux slogan "Panem et Circenses", n'est jamais apparu aussi révélateur des fêlures de notre civilisation.