vendredi 31 octobre 2014

VOIE FERREE

A chacun sa voie. Si vous aimez le monde, vous n'aimerez pas celle ci.  Les voies ferrées désaffectées quadrillent le territoire, échelles horizontales traversant des espaces et des époques oubliés. Petites gares du bout du monde, rails envahis par l' herbe , ballasts à l'odeur si particulière ; le paysage résonne encore des départs, des retrouvailles, des sifflements, des cris d'enfants et de bestiaux. Tout ceci sent la fumée, la guerre, le temps qui passe. Les rails se rejoignent à l'infini.  - Dit-on ? - Peut-être, à notre tour révolus, nous rejoindrons nous aussi à l'infini ? 

mercredi 29 octobre 2014

NANCY

Notre curieuse manière de voyager, nous emmène le plus rapidement possible d'un point à un autre pour  voir ce que les guides nous vantent. De retour au bercail et selon son oeil on peut dire : Nancy est une ville magnifique, la place Stanislas, les grilles, les fontaines, la vieille ville... ou dire: le centre ancien de Nancy est magnifique, mais pour accéder à ce joyau il faut emprunter - comme partout - moult rocades engluées de supermarchés, de zones pavillonnaires, de cités sans âmes, de friches, de bâtiments hétérogènes, d'échangeurs crépusculaires... On peut y voir la beauté du monde ou  son agonie. On peut se croire voyageur mais n'être que touriste. On peut se croire acteur de sa vie et n'être qu'une ombre. On peut comme Jacques Callot préférer l'eau forte - l'acide - au burin, graver les misères de la guerre plutôt que des scènes galantes. A chacun sa vision, à chacun ses oeillères.




dimanche 26 octobre 2014

ARBRE ET PASSERELLE


Pourquoi - cet été - ai-je dessiné sur la même page de mon carnet un arbre et une passerelle ? Je n'en sais rien. Dans ce village de Haute-Saône la route passait devant ce bel arbre qui relie la terre et le ciel, puis bifurquait pour se transformer en chemin. Celui ci menait à cette passerelle étroite enjambant la rivière. Juste à coté un gué peu engageant permettait aussi de passer d'une rive à l'autre. On pouvait choisir la voie sèche ou la voie humide, envisager l'alchimie après avoir disserté sur l'horizontalité et la verticalité, les éléments, le passage... Pourquoi ai-je choisi de traiter l'un en noir et blanc, l'autre en couleur ? Je n'en sais rien. Les questionnements comme les voyages commencent au bout de la rue.

jeudi 16 octobre 2014

LUNEVILLE


 
Il y a  des surprises dans les voyages. On n'attend rien d'un endroit car l'on n'en sait rien. Lunéville fait partie de ces surprises. Le château véritable "Versailles Lorrain", fut transformé par Louis XV en caserne. Il nous présente deux faces très distinctes. L'une sur jardin, l'autre sur cour. Dans cette dernière trône la statue du général Lasalle. Souvenez vous ; ce hussard qui chargeait la pipe à la main. Il casse la sienne à Wagram quatre trop tard, ayant déclaré " Un hussard qui n'est pas mort à 30 ans est un jean-foutre. " Il en a 34. Il écrit à sa femme:  « Mon cœur est à toi, mon sang à l’Empereur, ma vie à l’honneur ». Ces sabreurs de l'Empire avait quand même du panache. Le lieu racheté par le conseil général en 2001 sert de lieu d'expositions et se remet d'un violent incendie. Des salles aux plafonds crevés, aux peintures détrempées mettent en scène des photos, dessins, installations. Difficile alors de lutter contre ce  formidable écrin.
  
Laissons le mot de la fin à Lasalle :
« C’est déjà un plaisir assez grand que celui de faire la guerre ; on est dans le bruit, dans la fumée, dans le mouvement ; et puis quand on s’est fait un nom […], quand on a fait fortune, on est sûr que sa femme et ses enfants ne manqueront de rien ; tout cela est assez. Moi je puis mourir demain »

mercredi 15 octobre 2014

RONCHAMP

Ronchamp, hier  vieille cité minière aujourd'hui lieu de pèlerinage. On y célèbre selon sa foi la Vierge,  ou Le Corbusier l'athée. Arrimé à la colline un vaisseau de béton blanc témoigne de son génie. Sollicité à la sortie de la guerre  par des évêques inspirés le poète de l'angle droit, prouve qu'il sait aussi manier la courbe à l'emplacement de l'ancienne chapelle détruite. Récemment Renzo Piano (Beaubourg) se voit confier par  des Clarisses la mise en forme de leur nouveau lieu de prière. Il y parvient en  encastrant les deux strates du  bâtiment  dans la colline sacrée. Devenu invisible, celui ci abrite quelques soeurs accueillant les pèlerins mais rappelle à notre frileuse époque qu'un lieu chargé d'histoire, de foi, d'art peut  évoluer, s'enrichir, vivre.

dimanche 12 octobre 2014

CET ETE DANS L'EST

Il est déjà loin l' été, celui là et celui de ton enfance. La lumière est à l'Est, on le sait. Elle est aussi dans les bois, éclatante de solitude. Un banc,  un carnet de croquis sur les genoux  -Il pleut-  La petite rivière qui va de là bas à là bas s'arrête un instant et te murmure des mots sombres. Les arbres plongent  leurs regards dans les eaux troubles, la source muette te parle du passé. Les cygnes, glissant SSssssss... - inquiétante escadre noire - observent et passent, emportant l'ombre noyée des Teutons et des martyrs.                                                            Ciril.K                      
                                                                                      

mercredi 8 octobre 2014

L'OEIL, LA MAIN, LE CERVEAU.
























Quelque part sur le Web.

« Cela claque comme un titre de western. Pourtant il s'agit des trois protagonistes de l'acte créateur. Si l'un d'entre eux roule dans la poussière, le miracle n'opère pas et l'air d'harmonica sonne faux. 
-L'oeil, sans qui rien n'existe. C'est le couperet ultime qui juge, accepte ou refuse, devance, pressent, sait tout; mais se leurre quand il se prend pour le coeur.
-La main qui exécute, transforme l'idée, l'incarne, peint, sculpte, filme, écrit, blesse, se blesse.
-Le cerveau parce que rien d'intéressant ne survient qui ne procède de l'intention, de la culture ou contre-culture, de la comparaison, de la volonté, du plaisir, de la révolte, de la difficulté.... »

- Non mais pour qui il se prend ce con ? Pourquoi je l'ai accepté comme ami ? Bobo de mes-deux !
Il était fatigué. Non que sa journée eut été mauvaise. Après tout, cette formule "Paris-Eternel" par  tour-opérateur : Sacré -coeur- Euro-Disney- Butte Montmartre se révélait un bon plan, moins cher que son voyage de l'an dernier à Las Vegas, mais bien quand même. Il jeta un regard distrait sur le dernier Marc Lévy ... regarda quelques vidéos de  Bigard sur Youtube. Dans " Bigard met le paquet"  certaines répliques le faisait pisser de rire. Il publia un gros chaton masqué sur son mur, mis l'ordinateur en veille et se laissa gagner par le sommeil.

lundi 6 octobre 2014

LA MAIN

























Gloire au travail, gloire au geste. Gloire à la main qui nous préserve de n'être que des êtres de pensée. Merci à nos frères opératifs d'apporter une autre manière de voir, une autre manière de penser , de parler. Merci aux artistes, à tous ceux dont l'intelligence et le talent passent aussi par le corps, aux constructeurs de toutes les époques qui ont fait parler la matière pour ne pas avoir à parler. Gloire à leurs mains expertes et silencieuses.                                  Ciril.K

mercredi 1 octobre 2014

HERMES

























"... Le Messager éblouissant ne se déroba point. Il mit à ses pieds ces belles sandales divines, toute d'or, qui le portent en lieux humides et sur la terre sans limites avec la vitesse du vent. Il prit aussi la verge dont il clôt les yeux des hommes ou les arrache ensuite au sommeil, s'il lui plaît; la tenant à la main l'Eblouissant prit son essor. "                                        Odyssée. Homère. Chant V