"Toute pensée digne de ce nom aujourd'hui doit être écologique." Lewis Mumford. ( Le livre de la machine)
"Tout est pur pour les purs. Mais pour ceux qui sont souillés et qui n'ont pas la foi, rien n'est pur. Leur conscience et leur esprit même sont souillés" Saint-Paul
L'église catholique n'a jamais trop aimé que l'on remette en cause le dogme officiel. Ainsi les Parfaits Cathares furent-ils brulés au pied de Montségur par le bon roi Saint Louis comme les Fraticelles et les Dolciniens jugés hérétiques furent poursuivis, torturés et passés au brasero... Fra Dolcino, instigateur du mouvement, qui mena une insurrection populaire en Italie du Nord vers 1300 -lui- fut castré, démembré et ses restes ainsi que ceux de son épouse mis au bûcher. Inspirée des préceptes franciscains, cette "hérésie" est évoquée dans le Nom de la Rose d'Umberto Ecco (mis en images par Jean Jacques Annaud) à travers les personnages du frère Remigio de Varagine et de son servant Salvatore, difforme, inculte et brassant les langues... "No lo sabe, Magnifico. Stupido"... qui souffle sur son brasier lors de son exécution.
Pourtant - refus de la hiérarchie ecclésiastique, retour aux idéaux de pauvreté et d'humilité, refus du système féodal, organisation d'une société égalitaire y compris entre les sexes, de partage et respect mutuel, libérée de toute contrainte et tout assujettissement... Pas de quoi fouetter un moine. Non ?
Allez les amis ! "Pénitenziagite". Bonne repentance à tous... et à l'année prochaine.
Avec ce roman Victor H. tape très fort. A rebours de ses pairs il passe de la notabilité à l'idéalisme, du conservatisme à la république, de l'indifférence à la compassion. Le petit peuple ne s'y trompe pas qui en fait son héros, se reconnaissant en Valjean, Fantine, Cosette, Gavroche, Fantine, Marius et peut-être aussi en Javert et Thénardier... Hugo, trop partisan de l'ordre, n'est pas prêt en 1848 à achever son roman épique, historique, social et romantique, entrepris sur fond de barricades des trois Glorieuses. Il lui faut l'exil de Guernesey, la proscription, le sentiment de l'accomplissement, peut-être le parfum de l'éternité... et les fantômes des soldats de l'an 2 du côté de Waterloo pour l'achever en 1865. Conscient d'accomplir un chef-d'œuvre l'écrivain en assure la promotion... Il y a toujours des misérables aujourd'hui mais quel idéal, quel récit les animent ? Qui est le peuple de France et quel est son Hugo ? Je n'ai pas la réponse.
"Avec le trans-humanisme, un nouveau paradigme religieux émerge: ce n'est plus le renoncement de l'athée qui se voit seul dans l'Univers, c'est l'affirmation fière de ce que l'homme peut tout faire y compris créer du vivant et se recréer lui-même" Laurent Alexandre.
Au milieu des années 70, dans le New York déserté par les blancs, au bas des immeubles lézardés de Brooklin cernés de poubelles, une jeune génération cosmopolite et oubliée tente de renverser les codes esthétiques. Les graffitis envahissent les portes, les murs, les rames de métro à défaut d'intéresser les galeries. Sous le pseudo de SAMO / "Same old shit" (en collaboration avec Al Diaz) Jean-Michel Basquiat jeune noir américain d'origine portoricaine et haïtienne invente un langage mêlant texte et dessins enfantins, graffitis de clandestins, gribouillis... Son itinéraire est classique: rue, galères, meublés, clubs de SoHo en pleine vague punk, hip-hop, rasta, et scène underground. Le succès se pointe, puis Andy Warhol qui se prend d'amitié pour le jeune homme. Le cocktail final n'est pas moins classique: succès, argent, alcool, drogue dépression, mort par overdose à 27 ans. Ne serait-ce que cela l'art ? Avoir sa place au soleil ? Basquiat a rejoint Hopper, Pollock, Rauschenberg, Lichenstein, Haring et quelques autres au cimetière des peintres américains qui n'ont pas changé le monde. Ses œuvres se vendent en millions de dollars, trônent au musée ou sur les murs des milliardaires. Toujours..." la même vieille merde"
Comme les dinosaures VGE s'en est allé, inadapté au ciel obscurci, au sol mouvant et aux maladies d'un autre millénaire. Il aura marqué les années 70, celles de mes 18 ans, du bac, des copains, des boums improvisées et des virées en mob. Les trente glorieuses s'essoufflent, le pétrole manque mais pas les idées, le chômage flambe... L'homme à l'accordéon et à la particule rafle la mise en 74 - Ah, le monopole du cœur - et fait passer quelques lois courageuses sur la majorité, le divorce, l'IVG, la contraception... Homme à femmes, il sait ce qu'il leur doit. Puis il s'empêtre dans le tapis de la com : Giscard à la plage, Giscard fait du ski, Giscard fait du foot, Giscard s'invite chez les français avant d'aller chasser le buffle en Afrique... jusqu'au départ raté. Voulant remiser le costume empesé de Pompidou et De Gaulle, il l'endosse à son tour. L'ambiance rallye porte de la Muette et loden à Sciences-po est à son comble. En 81 Le canard déchainé, les diamants, Coluche, Chirac et Mitterrand feront vaciller l'homme au grand front. Non, vraiment !... à 18 ans "jeune et giscardien" m'apparaissait comme l'horizon indépassable de l'oxymore. Reste aujourd'hui l'image touchante du vieil homme qui n'a pas compris le désaveu du peuple, vécu comme un affront et le sentiment d'une insouciance à jamais envolée. Tiens, je vais aller me réécouter pop-corn, Saint-Preux le "Jean Sébastien Bach des seventies", prendre une bouffée d' Oxygène, brailler le chanteur avec Balavoine... et me finir avec Manset - qui dans ces années heureuses pose déjà comme postulat - On voyage toujours en solitaire.
La Maumariée nous a quitté hier à 86 ans. Vous le saviez, vous qu'Anne Sylvestre avait écrit cette chanson - paroles et musique pour Reggiani ? Moi, je l'avais oublié. Quel jardin de fleurs nous fera oublier la belle noyée et son irrémédiable péché ? Une figure singulière de la chanson française s'en est allée rejoindre Trénet, Montand, Brassens, Brel, Higelin, Ferré, Vanderlove, Gréco, Barbara... Libre, elle a chanté les femmes, les gens qui doutent, les hommes et leurs travers, tout en les trouvant beaux et susurré des fables aux enfants... Ne faites pas de bruit - petit loir, gentille marmotte. Chuuttt. Ne réveillez pas la reine qui dort maintenant "... qui dort, cachée dans une grotte, un trou dans la terre... Entre des draps de mousse, elle dort tout en rêvant. Elle dort, dort jusqu'au printemps ..."
Si vous voulez comprendre pourquoi vous êtes accro à Facebook, Snapchat, Youtube, Candy Crush, Tinder, Uber ou Instagram... Si vous voulez tout savoir sur la Dopamine -neurotransmetteur, molécule du plaisir, de la motivation et de l'addiction: les huit petits sujets de huit minutes d'Arte France sont pour vous. Followers, like, tchat, scroll and swipe, autoplay... seront vos amis. En quête de récompense sociale ou esthétique, de validation ou comparaison sociale, d' illusion de compétence, d'évaluation par le regard d'autrui, d' identification au groupe... sous l'œil de scientifiques avisés, vous comprendrez pourquoi vous êtes entrés dans cette boucle sans fin de ciblage comportemental, d'algorithmes qui influencent vos émotions, de comptes non clôturables, de mouchard et de données personnelles qui enrichissent encore et encore les actionnaires réjouis de ces entreprises de réseautage. Vous serez toujours "addict", mais vous saurez pourquoi... Dopammmiiiinnnneeee
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"Je suis désolé, mais je ne veux pas être empereur, ce n'est pas mon affaire. Je ne veux ni conquérir, ni diriger personne. Je voudrais aider tout le monde dans la mesure du possible, juifs, chrétiens, païens, blancs et noirs...."
"Que sont mes amis devenus, que j'avais de si près tenus et tant aimés... "Bien sûr vous avez reconnu les vers de Rutebeuf mis en musique par Léo Ferré en 1955 puis repris par une cohorte d'interprètes (Joan Baez, Ogeret, Léotard, Vaucaire, Auffray, Mouskouri...). Venus du moyen âge, ces vers en langue d'oil, la langue des trouvères, nous parlent du temps qui efface tout, des amis disparus, des amours mortes, de la difficulté de vivre. On ne sait rien du poète champenois au pseudonyme Rudeboeuf/boeuf vigoureux, à part qu'il était jongleur, sans doute clerc puisque connaissant le latin, et qu'il a vécu à Paris entre deux dates approximatives 1230 -1285. Certes la vie devait être rude sous le bonroisainloui, mais rien ne change vraiment sous le beau ciel de France. Entre fin de mois - fin du monde et Covid, masque au museau, sur la ligne B du RER, entre froid au cul quand bise vente, entre croisades modernes et vendeurs de crack, écrivez... avant que le vent sur le pas de la porte ne vous emporte. Pas si facile... Vos mots seront peut-être attrapés au vol par un poète dans quelques siècles pour faire partie du répertoire. Rien n'est moins sûr. La seule certitude ici, est que le génie est de toute éternité et que le français est une langue magnifique.
Impressionnants ces grands mystiques. Dans les années 80 Alain Cavalier nous offre "Thérèse". A travers quelques scènes épurées, inspirées des tableaux de Georges de La Tour et Philippe de Champaigne, le metteur en scène retrace les années de carmel de Thérèse de Lisieux, née Thérèse Martin (béatifiée puis canonisée en 1925). Don de soi, prière, silence, enfermement, soumission à l'autorité, abandon de sa féminité, acceptation de l'épreuve et de la souffrance... la jeune femme comme ses condisciples se marie à Jésus, rédige "Histoire d'une âme", théorise sa théologie de "la petite voie" et en pleine nuit personnelle de sa foi meurt en 1897 à 24 ans de la tuberculose après une agonie peu enviable. "Je ne meurs pas, j'entre dans la vie". Catherine Mouchet qui elle, entra dans le cinéma par ce rôle magistral de sainte (césar du meilleur espoir féminin) eut du mal à s'en remettre. Les voies du septième art sont aussi impénétrables...