mercredi 27 octobre 2021

UTOPIA



L'autre soir - avec mon amie - entre la poire et la fromage la conversation a porté sur le revenu universel et inévitablement sur l'utopie. En cette fin de repas, nous n'avons pas convié Platon, Thomas More, Rabelais, Fourrier, les gars de la Commune... mais évoqué de manière floue la Société idéale en butte aux sociétés réelles imparfaites. Pour mon amie, les avancées sociales sont les utopies d'hier. Elle a raison. Sans utopistes pas de sécurité sociale, de congés payés, d'instruction publique obligatoire, d'égalité hommes-femmes, de vote, etc... Son  monde est coloré. Le mien ne s'exprime qu'en nuances de gris... J'ai avancé les guerres incessantes, les génocides, les intérêts particuliers, la cupidité, le cynisme, la torpeur, la médiocrité et notre propension à pervertir toute idée généreuse. En point d'orgue le réchauffement climatique et la cécité des peuples, des décideurs, des puissants. C'était deux regards croisés, deux énergies, deux visions de l'humain et du politique. L'un de partage et d'humanisme, l'autre rivé sur la réalité du monde. Quelle est la vision juste? Celle qui  n'envisage que la lumière... Ou celle qui distingue les ombres dans l'obscurité ?


mardi 12 octobre 2021

PAGNOL EST MORT



"Le Château de ma Mère" film de Yves Robert a 30 ans. Ce soir, une évidence me saute à la face. Ce récit, à des années lumière du nôtre n'est plus.... Les collines de Provence, giboyeuses, préservées où l'on accède à pied, les "piqueurs" débonnaires (ou pas!) du canal traversant les propriétés de notables, un comte balafré par un uhlan, les hussards noirs de la République" dans des écoles propres, aux élèves respectueux, des couples unis et romantiques, des enfants arpentant le maquis et posant des collets... Aujourd'hui, Marseille a les yeux de Chimène pour le ballon rond. Entre deux rodéos, on s'y canarde dans les cités sur fond de trafic. Les crues emportent des tonnes d'immondices dans la mer. Les calanques sont prises d'assaut ou privatisées, la garrigue brûle, envahie par des maisons sans poésie... Ailleurs, on décapite un professeur, on en agresse une autre. Pourtant, la ville est toujours belle, colorée et polychrome. Le Garlaban domine toujours Aubagne. Que s'est-il passé pour que cette adaptation nostalgique, sans poussière, sans aspérités, cette carte postale idéalisée de l'enfance, ce film sur le bonheur, colle aussi peu avec notre réalité ?