"Le Château de ma Mère" film de Yves Robert a 30 ans. Ce soir, une évidence me saute à la face. Ce récit, à des années lumière du nôtre n'est plus.... Les collines de Provence, giboyeuses, préservées où l'on accède à pied, les "piqueurs" débonnaires (ou pas!) du canal traversant les propriétés de notables, un comte balafré par un uhlan, les hussards noirs de la République" dans des écoles propres, aux élèves respectueux, des couples unis et romantiques, des enfants arpentant le maquis et posant des collets... Aujourd'hui, Marseille a les yeux de Chimène pour le ballon rond. Entre deux rodéos, on s'y canarde dans les cités sur fond de trafic. Les crues emportent des tonnes d'immondices dans la mer. Les calanques sont prises d'assaut ou privatisées, la garrigue brûle, envahie par des maisons sans poésie... Ailleurs, on décapite un professeur, on en agresse une autre. Pourtant, la ville est toujours belle, colorée et polychrome. Le Garlaban domine toujours Aubagne. Que s'est-il passé pour que cette adaptation nostalgique, sans poussière, sans aspérités, cette carte postale idéalisée de l'enfance, ce film sur le bonheur, colle aussi peu avec notre réalité ?