lundi 22 août 2016

OR À RIO CAR YOKA ET MOSSELY





Les jeux sont finis. Ouf...disent certains. Snif...font d'autres. Chacun pense ce qu'il veut des J.O,  gué-guerres déguisées entre  peuples, du dopage, des soupçons de corruption (victoire volée d'Alexis Vastine en 2012/mort depuis ) mais ils ont délivré hier soir un message autre. Vingt heures : finale des super-lourds en boxe. Un géant, beau gosse, sympathique (Tony Yoka) remporte le titre, comme sa future compagne quelques jours plus tôt (Estelle Mossely). Couple en or : sportif, glamour, moderne. Réussite d'autant plus remarquable que l'équipe de France de boxe était moribonde après les J.O de Londres. A Rio elle aligne dix boxeurs et gagne 6 médailles. L'autre face en or de la médaille sportive : celle du creuset républicain qui fonctionne... De jeunes français, issus de l'immigration et des quartiers bossent(xent) et gagnent. (Avant eux Asloum.) Ils nous représentent et nous sommes fiers d'eux. En ces temps d'actualité douloureuse, de crispation communautaire, de tels exemples sont précieux, qui témoignent de la vigueur de l'idée républicaine : "Carrière ouverte au talent" * - Puisse cet air frais ne pas souffler que sur les rings !

* La phrase est attribuée à Bonaparte mais ne fut-il pas un temps général républicain ?



dimanche 21 août 2016

DANS LES FORÊTS DE SYLVAIN TESSON




Sylvain Tesson - Aventurier-Géographe-Ecrivain - nous embarque "Dans les forêts de Sibérie" au bord du lac Baïkal. Après avoir sillonné le globe à pied, à vélo, à cheval l'arpenteur boulimique se pose six mois dans une cabane en rondins à côté d'un poêle qui ronronne, de deux chiens , de livres,  et de "quelques" litres de vodka. Dans son journal d'ermite entre deux virées et deux séances de pêche, il devise sur le temps, la marche,  la liberté, l'ivresse, la solitude, l'âme russe, la nature, les eaux dormantes.... Le type est doué et nous délivre quelques fulgurances sur la littérature, l'avenir de la planète, la surpopulation, l'immobilité, les moustiques... Dans un style personnel entre poésie et lyrisme, il nous convainc que " la recette du bonheur, c' est une fenêtre devant le Baïkal et une table devant la fenêtre". On a envie de le suivre ou de clouer quelques planches... C'est un essai, publié en 2011 chez Gallimard. Il sera transformé la même année par le prix Médicis essai. Le fils du critique et polémiste Philippe Tesson a depuis repris la route sur les traces des armées napoléoniennes en side-car, a fait une chute de 10 mètres d'un toit puis quelques semaines de coma. Malgré sa gueule cassée - ce voyageur sans attache- à la seule écoute de son corps poursuit son solitaire (mais médiatique...) chemin sans trop rien en attendre.


jeudi 18 août 2016

LES 7 SAMOURAÏS


Au début ils sont sept. A la fin ils ne sont plus que trois. Quatre sabres plantés sur quatre monticules de terre découpent le ciel de ce western pluvieux. Entre les deux génériques, ces guerriers "embauchés" par des paysans couards pour les délivrer des exactions d'une bande de brigands, fortifient le village, les forment à l'art de la guerre, en font des êtres debout et...fraternisent entre eux. C'est magistral ! -1954- En noir et blanc, Akira Kurosawa, renouvelle le genre du film de sabre (avant d'être copié par Hollywood dans les 7 mercenaires). Il nous plonge dans le Japon médiéval, soignant les détails, les cadrages et utilisant des mimiques outrées de masques dans le jeu des acteurs. C'est japonais en diable mais comme préconisait le vieux maître mort depuis : "Plus on approfondit sa culture, plus on atteint l'universel".

lundi 15 août 2016

LES JEUX OLYMPIQUES C'EST PAS AUTOMATIQUE...


Attention, vous regardez les Jeux Olympiques. Ceci est un médicament. Lors du traitement des effets indésirables peuvent se produire.
1/ Eczémas, prurits, plaques rouges d' énervement  face à l' absurdité du système, à la gabegie des installations, à la corruption des instances, au dopage d'état, à ses conséquences sur les athlètes, aux nationalismes déguisés, aux récupérations politiques, à la main-mise des lobbys, aux conséquences économiques, aux conflits sociaux étouffés....
2/ Assoupissement, troubles du discernement et de la vision, pupilles dilatées devant le spectacle des corps sublimés, des stades colorés, des peuples en fraternité, du goût de l'effort et du dépassement de soi, des drapeaux qui montent dans le ciel,  de l'hymne à la jeunesse, à la beauté des héros, à l'immortalité, à la gloire... Si ces effets indésirables venaient à se produire, arrêtez immédiatement le traitement, et parlez en à votre libraire ou à votre journaliste de l'Equipe.
Gardez cette notice. Vous pourriez avoir besoin de la relire.

vendredi 12 août 2016

LES TEMPLIERS


1099 - Prise de Jérusalem par les croisés (ville sainte reprise par Saladin en 1187).
1314 - Exécution du grand maître Jacques de Molay.
Entre ces deux dates, une poignée de chevaliers restée en terre Sainte, aura essaimé et sera devenue incontournable dans la chrétienté. Cette milice destinée à l'origine à protéger les croisés,  intronisée par l'abbé cistercien Bernard de Clairvaux obtient la tutelle pontificale. C'est un ordre chevaleresque intéressant. Avec lui, retour aux fondamentaux : manteau blanc (ou grège),  croix rouge, cheveux ras,  pauvreté, prière, abstinence, discipline, silence, respect de la règle et du grand maître... Les "Pauvres Chevaliers du Christ",  moines soldats  qui prient et se battent "ringardisent" les tournois des chevaliers bling-bling, enrichis, ripailleurs, ambitieux, brutaux... En deux siècles, l'ordre du Temple établit ses commanderies du Larzac à Jérusalem, de l'occident au levant en en faisant des lieux d'échanges, des forums ou laboratoires. Par son sens du pragmatisme,  des relations diplomatiques, son ouverture au monde, ils se fait le champion des tractations , des exfiltrations d'otages. Il contrôle les  ports et les routes, invente les lettres de change, surveille le trésor royal, prête, s'enrichit, acquiert son indépendance, devient un état dans l'état et ...dérange. On connait la suite: jalousie royale, accusations diverses, procès pour hérésie, aveux extirpés sous la torture, bûcher, dissolution. Une ombre pourtant au tableau de ce bel ordre: Hughes de Payns premier grand maître de l'ordre invente (ou récupère) la notion de guerre juste faite à l'ennemi de la foi. La religion d'amour condamnant l'homicide devient malicide   justifiant l'éradication du mal. D'autres épées, d'autres cimeterres, d'autres ceintures de bombes reprendront l'argument... Et si l'histoire ne servait au final qu'à éclairer l'actualité?











dimanche 7 août 2016

C'EST LA FAUTE À VOLTAIRE




"Un pays bien organisé est celui où le petit nombre fait travailler le grand nombre, est nourri par lui et le gouverne"    


                     Voltaire

jeudi 4 août 2016

LE CANAL DU MIDI A MINUIT / 5


Oui, le canal du midi est plat. Non, il n'est pas de tout repos car peu entretenu sur la partie Audoise. En revanche, il est contrasté et traverse des paysages variés -de Toulouse au Lauragais, du seuil de Naurouze au pays cathare, de l' Aude, du Narbonnais jusqu'à la Méditerranée - des ambiances, des végétations, des roches et des couleurs différentes. A de grandes allées monumentales succèdent de bucoliques voutes vertes puis des chemins à peine tracés ( Les dépliants annoncent des pistes cyclables...) 
Sur le canal un platane m'a dit:
-Nous étions 42000.
 14000 de mes frères ont déjà été abattus.
-Pourquoi ?
-Le chancre coloré. Un champignon microscopique qui nous tue dans les 2 à 5 ans, apporté par les caisses de munitions américaines en 45.
-On vous remplace ?
-Oui, par des peupliers blancs, des chênes, des pins parasols ou des micocouliers. Adieu la voute ombragée . 
-Gros chantier !
-Juteux chantier... 4000 euros l'arbre. 220 millions au total.
-Il n'y a pas d'autres solutions que l'abattage ? Un vaccin ?
-Va savoir vieille branche !!!





lundi 1 août 2016

SA MAJESTÉ DES MOUCHES

Les films réussis sur l'enfance ne sont pas légion. L'innocence  "noire et blanche" de chefs d'œuvre tels que : La guerre des boutons (Yves Robert), l'Enfant sauvage (Truffaut), Capitaines courageux (Victor Fleming), Jeux interdits (René Clément) Le Vieil Homme et l'Enfant (Claude Berri).... n'a rien à envier aux exploits colorés  des jeunes élus d'Hunger Games. Le film adapté par Peter Brook (1963) du roman de William Holding (1954): "Sa Majesté des Mouches" dépassant le thème de l'enfance nous parle d'humanité et de mythe. Des collégiens Anglais pris au piège d'une île déserte après un accident d'avion, Tarzans ou Robinsons de 10 ans, retrouvent rapidement l'état de nature de guerriers primitifs. Division, hiérarchie, brutalité, peur, superstition, pouvoir... dominent les jeunes corps qui se parent de peinture de guerre, font allégeance, tuent ou résistent. C'est fascinant et... plausible  jusqu'aux meurtres rituels. Aussi intéressant que le film lui même est l'entretien avec Peter Brook . Il relate ses difficultés à conserver la virginité de son film face à l'industrie du cinéma friande de spectaculaire, la recherche des jeunes acteurs aux profils psychologiques différents et leurs parcours personnels d'après tournage. Selon lui, seule une œuvre solitaire, nécessitant de faibles moyens financiers, peut être réellement libre. En ces temps de gaspillage, de paillettes et de meutes - méditons, méditons ...