dimanche 28 février 2016

VINCENT ET PAUL



Ces deux là ne sont pas des saints - mais des artistes, ce qui  revient au même en définitive. Deux mois ! C'est la durée de la cohabitation en Arles en 1888 entre Van Gogh et Gauguin . Arrivé plus tôt le rouquin se désespère de faire venir son homologue qui prend son temps en Bretagne avec Emile Bernard. Gauguin viendra plus pour s'attirer les bonnes grâces de son marchand Théo Van Gogh que pour contenter son frère Vincent, qu'il prend encore pour un dilettante doué. Deux mois de combat artistique, de lutte à mort entre fous de couleurs. Vincent impose au départ un rythme effréné de peinture dans un atelier bordélique, qui désarçonne Paul. Discussions enflammées, absinthes, mises au défi, découvertes, prises de risque pictural. Chacun invente, se remet en cause, échoue, encourage, déstabilise.  A ce jeu là, le plus fort gagne. Le plus fort, psychologiquement c'est Gauguin qui écorche le pauvre Vincent de sa "chair peinture". Sa vraie chair, l'autre lui apporte un soir dans un mouchoir ensanglanté; l'oreille coupée: mutilation ou rixe ? On ne sait pas , l'aventure s'arrête ici et claque comme un échec. Mais derrière  se camoufle l'une pages artistiques les plus flamboyantes du XIXe et des dizaines de chefs d'oeuvre. Gauguin repart, Van Gogh est rattrapé par ses démons. Ce seront le Docteur Gachet, Auvers sur Oise  et son suicide peu après. Théo le suit dans la tombe 6 mois plus tard. A une décennie de là, ruiné et seul dans ses îles, Paul fait venir des graines de tournesol et peint les fleurs écloses. Hommage ultime à son impossible ami dont il vient enfin de percevoir le génie! Entre les saints -Vincent et Paul ce fut une bonne galère...

jeudi 25 février 2016

HUMOUR MACONNIQUE, EST-CE QUE J'AI UNE GUEULE D'HUMOUR MACONNIQUE ?

DIALOGUE EN M.P SUR F.B


MP/   Tes dessins (caricatures) 
ne reflètent pas la noble 
fraternité que je connais. 
Je pense qu'aucun Frère 
ne devrait ridiculiser cet 
Ordre qu'est la FM. Je crois 
qu'il n'est pas nécessaire de 
faire de l'humour sur le sacré 
de nos principes. Ne te méprends 
pas mon Frère, je ne te transmets
 que des sentiments que j'ai lors
 de certaines de tes publications.
 Et ceci dans tout le respect. 
Je trouve que certaines choses
 ne doivent pas être dégradées.
 Reviens moi là dessus . 
Très Fraternellement


Ciril.K/   Hello mon F... Tu comprendras que je ne suis pas d'accord avec toi, mais comme tu m'accostes courtoisement  je le fais aussi.

MP/    Hahaha!
Je comprends mais cela fait un temps que je pense a t'en faire part. Peut être juste pour faire réfléchir, songer... Je n'ai rien contre l'humour Maçonnique, par contre je trouve que les membres de l'Ordre ont une responsabilité "d'image" face au monde profane,
 
Ciril.K/  Toute institution qui se donne des airs de ce qu'elle n'est pas ou interdit, me fait terriblement peur. Respect, sacré, interdiction de l'humour, ordre, idéal, ridicule... On sait où ces vocables nous entrainent  dans l'histoire ou  l'actualité ! Je m'inscris dans une certaine tradition française d'irrévérence où l' on se moque de tout et de tous , afin de ne prendre quiconque trop au sérieux. Si tu veux vraiment t'offusquer de maçons qui obscurcissent l'ordre, je pense que tu trouveras d'autres cibles plus influentes et nauséabondes que mes petits dessins de potaches, qui font beaucoup rire par ailleurs.          
 

MP/   T'inquiète pas je ne m'offusque pas, Et surtout je ne te prends pas pour cible. Au contraire, j'essaie d'ouvrir mon esprit et de comprendre en toute simplicité


Ciril.K/  Tu sais, on peut vivre sa F.M de 50000 manières. J'ai choisi cette ligne. Je pourrais publier des choses pontifiantes sur le devoir du maçon, les constitutions d'Anderson ou que sais je.  Faire un dessin "scabreux" le jour de la saint Valentin me semble autrement plus rafraichissant que de publier une citation de Kipling sur un faux parchemin. Allez, je te bise, vive Charlie, et tous les dessinateurs qui tentent.

MP/  Je comprends bien ton point! Et dans un sens je trouve que tu raison!
Au plaisir .  Frat...










Ciril.K/   Frat...

lundi 22 février 2016

VERDUN - VERDEUX - VERTROIS


L'être humain est un animal étrange. Un jour il tombe d'un trottoir et meurt. Le lendemain il prend sur le crâne des tonnes de bombes, enterré comme un cafard dans la faim, la soif, la boue, les excréments, la vermine, au milieu des cadavres, de la puanteur, des rats, des gazs et survit. Il survit - pour au petit matin enjamber le parapet en hurlant et se la jouer à la pelle affutée, au couteau, à la baïonnette sous le feu des mitrailleuses et des obus. Verdun est un paradoxe. L'homme est cet animal fou, qui accepte de mourir au nom de la "Revanche" ou du "Grand Jugement", sous les ordres imbéciles d' un commandement incompétent, d'un Kaiser belliqueux qui lui ne meurt pas. Il ne s'offusque pas ou peu - va et meurt au nom de la terre, de la patrie, de Dieu, ou d'une idéologie quelconque. Les vivants sourient sur les photos, heureux de pas être encore cadavres, se «chambrent» sur la pellicule jaunie, pleins de vie,  de fraternité, pour procéder au petit jour à des horreurs sur des frères humains. Autre tranchée , autre culture.... « On les aura » tac-ac-tac-tac-tac.... « Gott Mit Uns » tac-ac-tac-tac-tac.... Les douilles volent. Plus tard les survivants tenteront d'oublier -confiants puis l'histoire recommencera pour un autre Verdun, un autre Stalingrad, un autre Hiroshima, un autre Vietnam, un autre djihad, une autre croisade. Ami fritz , ami poilu j'aimerais vous dire que vous n'êtes pas morts pour rien...   L'être humain est un animal étrange.


dimanche 21 février 2016

HOMMAGE AUX SACRIFIES


UMBERTO ECO / 5000 VIES ET UNE MORT


« Celui qui ne lit pas, arrivé à soixante-dix ans, n’aura vécu qu’une vie : la sienne ; celui qui lit en aura vécu au moins cinq-mille ».    
Umberto Eco


" Mes yeux se sont éteints, Seigneur, mais tu le
sais, je suis le pieux gardien de ton pouvoir divin.
Quand un premier regard percera le secret,
Je brûlerai ces vers qui 
 libèrent l'humain ! " 
 Jorge de Burgos -abbé moine bénédictain dans le Nom de la Rose





mercredi 17 février 2016

MITHRAEUM/ 1-2 et 3


Ô Toi Gloire de Lumière, Illuminateur, Maître de la Lumière de l’Empyrée ; Ô Toi

Dompteur d’Etoiles !

 Oh ! Ouvre-toi à moi ! Car en considération de cela, de l’âpre & implacable Nécessité

qui me presse, j’invoque Tes Noms Immortels, Innés de la Vie & Très Honorables, qui

ne sont pas encore descendus jusqu’à la nature mortelle, ni n’ont été articulés par aucune

langue humaine, ou cri ou voix d’homme :

ëeö · oëeö · iöö · oë · ëeö · ëeö · oëeö · iöö · oëëe · öëe · öoë · ië · ëö · oö · oë · ieö · oë ........

Rituel Mithraïque    La troisième parole




mardi 16 février 2016

MITHRAEUM/1 et 2



Ô Origine Primordiale de mon commencement ; Toi la Substance Primordiale de ma
substance ; Premier Souffle du souffle qui est en moi ; Premier Feu, Don de Dieu pour
l’Alliance des alliances qui sont en moi, [Premier Feu] du feu qui est en moi ; Première
Eau de [mon] eau, l’eau qui est en moi ; Essence terrestre Primordiale de l’essence
terrestre qui est en moi ; Toi Corps Parfait de moi – N. N. fils de N. N., fils de N.N.
(fem.) – façonné par l’Honorable Bras & l’Incorruptible Main Droite dans le Monde qui
est sans lumière, & pourtant radiant de Lumière, [dans le Monde] qui est sans âme, &
pourtant empli de l’Ame !
Rituel Mithraïque    La prière invocatoire

lundi 15 février 2016

MITHRAEUM /1


Ô Providence, Ô Fortune, accordez-moi Votre Grâce – communiquez-moi ces Mystères
que seul un Père peut appréhender & communiquez-les au seul Fils - son Immortalité -
au Fils initié, qui le mérite de par son Habileté, par lequel le Soleil Mithra, le Grand Dieu,
par Son Archange m’a commandé d’être investi ; pour qu’ainsi je puisse seul, moi l’Aigle
[tel que je suis, de par ma propre personne], m’élever vers les Cieux & contempler toutes
choses.
Rituel Mithraïque    La prière au Père

mercredi 10 février 2016

BERBERE MON FRERE

à Sofiane

Une tenue, une planche ; celle d'un frère marocain. " Les révolutions arabes". L'Islam en toile de fond - La parole circule - Ma question : pourquoi y a t-il aussi peu de musulmans en maçonnerie ? Réponse nébuleuse. Question reformulée : pourquoi y  a t-il aussi peu de musulmans, de maghrébins, d'africains, d'arabes, de berbères dans notre loge, alors qu'ils sont si nombreux dans la cité ?  Pas de réponse - Fin de la tenue - En salle humide un jeune frère, français d'origine algérienne me donne les clés, ses clés, celles du coeur, de l'intelligence, de l'histoire.  Je vous les livre. " Tu sais, l'islam, il y a dix ans dans les cités, n'était pas un problème. Le problème c'était de choisir entre être délinquant ou ne pas l'être. Chômage, violence, trafic étaient déjà la règle dans les cités ghettos. Dans les années 2000 les éducateurs ont été remplacés par des imams. On a dépolitisé une classe populaire susceptible de se rebeller en lui donnant l'os de la religion à ronger. La population maghrébine est une population déculturée, qui se raccroche à quelques repères identitaires: nourriture, langue, aujourd'hui religion afin d'appartenir à une communauté. Tu sais,  les plaies de l'histoire ne sont pas refermées.  France et Algérie n'ont jamais fait le travail de mémoire sur la colonisation, la décolonisation... la dictature militaire. Lors de la première vague des années 60 l'ancien indigène, citoyen de seconde zone s'est transformé en travailleur immigré mal payé, dévolu aux sales besognes . Le père a transmis son humiliation, ses rancoeurs à son fils, à son petit fils. Celles ci se ravivent au premier affront, au premier refus. La seconde vague d'immigration  fut celle des intellectuels algériens fuyant la terreur de la décennie noire. Ceux ci nous méprisent aussi. La Franc-maçonnerie, bien sûr que non, mes parents ne sont pas au courant ! S'ils savaient, ils ne me jugeraient pas, mais diraient : " C'est un truc de Français." Il me parle de son ami de toujours, tombé dans le fondamentalisme, de ce fossé immense qui les sépare aujourd'hui. La soirée se poursuit. Je me réjouis de sa différence, de sa présence. Je m'enthousiasme à l'idée d'une République -creuset des différences ou se fond parfois un pur métal, je m'afflige de cette alchimie en panne. Je m'interroge sur nos loges sans diversité où "gaulois" laïcs-athés-déistes d'une même classe se côtoient. Nous faisons le rêve de loges plurielles dans une société plurielle, seules capables d'atténuer les tensions. Nous nous quittons sur le trottoir dans l'obscurité. Avant de partir  pour me clamer son espoir, il me dit. "Tu sais, il suffit de donner un travail et une copine aux jeunes, et tout s'apaisera." Je ne peux m'empêcher de  répondre. " Le travail il n'y en a pas, ni pour vous ni pour nous, et les filles il faut savoir leur sourire..."     
-La nuit noire nous avale-

dimanche 7 février 2016

HUGO / CE QUE C'EST QUE LA MORT




Ne dites pas : mourir ; dites : naître. Croyez.
On voit ce que je vois et ce que vous voyez ;
On est l’homme mauvais que je suis, que vous êtes ;
On se rue aux plaisirs, aux tourbillons, aux fêtes ;
On tâche d’oublier le bas, la fin, l’écueil,
La sombre égalité du mal et du cercueil ;
Quoique le plus petit vaille le plus prospère ;
Car tous les hommes sont les fils du même père,
Ils sont la même larme et sortent du même œil.
On vit, usant ses jours à se remplir d’orgueil ;
On marche, on court, on rêve, on souffre, on penche, on tombe,
On monte. Quelle est donc cette aube ? C’est la tombe.
Où suis-je ? Dans la mort. Viens ! Un vent inconnu
Vous jette au seuil des cieux. On tremble ; on se voit nu,
Impur, hideux, noué des mille nœuds funèbres
De ses torts, de ses maux honteux, de ses ténèbres ;
Et soudain on entend quelqu’un dans l’infini
Qui chante, et par quelqu’un on sent qu’on est béni,
Sans voir la main d’où tombe à notre âme méchante
L’amour, et sans savoir quelle est la voix qui chante.
On arrive homme, deuil, glaçon, neige ; on se sent
Fondre et vivre ; et, d’extase et d’azur s’emplissant,
Tout notre être frémit de la défaite étrange
Du monstre qui devient dans la lumière un ange.

Victor Hugo Les Contemplations  novembre 1854.

mardi 2 février 2016

HUGO/ OH! PAR NOS VILS PLAISIRS, NOS APPETITS, NOS FANGES



Oh ! par nos vils plaisirs, nos appétits, nos fanges,
Que de fois nous devons vous attrister, archanges !
C’est vraiment une chose amère de songer
Qu’en ce monde où l’esprit n’est qu’un morne étranger,
Où la volupté rit, jeune, et si décrépite !
Où dans les lits profonds l’aile d’en bas palpite,
Quand, pâmé, dans un nimbe ou bien dans un éclair,
On tend sa bouche ardente aux coupes de la chair,
À l’heure où l’on s’enivre aux lèvres d’une femme
De ce qu’on croit l’amour, de ce qu’on prend pour l’âme,
Sang du cœur, vin des sens âcre et délicieux,
On fait rougir là-haut quelque passant des cieux !

Victor Hugo Les Contemplations  juin 1855