L'être humain est un animal étrange.
Un jour il tombe d'un trottoir et meurt. Le lendemain il prend sur
le crâne des tonnes de bombes, enterré comme un cafard dans la
faim, la soif, la boue, les excréments, la vermine, au milieu des
cadavres, de la puanteur, des rats, des gazs et survit. Il survit -
pour au petit matin enjamber le parapet en hurlant et se la jouer à
la pelle affutée, au couteau, à la baïonnette sous le feu des
mitrailleuses et des obus. Verdun est un paradoxe. L'homme est cet
animal fou, qui accepte de mourir au nom de la "Revanche" ou du "Grand
Jugement", sous les ordres imbéciles d' un commandement incompétent,
d'un Kaiser belliqueux qui lui ne meurt pas. Il ne s'offusque pas ou
peu - va et meurt au nom de la terre, de la patrie, de Dieu, ou d'une
idéologie quelconque. Les vivants sourient sur les photos, heureux
de pas être encore cadavres, se «chambrent» sur la
pellicule jaunie, pleins de vie, de fraternité, pour procéder au petit jour à des
horreurs sur des frères humains. Autre tranchée , autre culture....
« On les aura » tac-ac-tac-tac-tac.... « Gott Mit
Uns » tac-ac-tac-tac-tac.... Les douilles volent. Plus tard les
survivants tenteront d'oublier -confiants puis l'histoire
recommencera pour un autre Verdun, un autre Stalingrad, un autre
Hiroshima, un autre Vietnam, un autre djihad, une autre croisade. Ami
fritz , ami poilu j'aimerais vous dire que vous n'êtes pas morts
pour rien... L'être humain est un animal étrange.