mercredi 23 avril 2014

DEAD MAN



























Tout est bien dans ce film. L'histoire, l'image en noir et blanc, les personnages, le jeu des acteurs, l'invention, l'affiche. Jusqu'aux riffs de guitare de Neil Young qui hantent et transpercent l'oeuvre de part en part. Il s'agit d'une quête initiatique dans l'ouest américain de la fin du XIXème siècle. Le jeune héros William Blake homonyme du poète défunt (Johnny Deep) sous le regard bienveillant et distancié de son ami lettré indien Nobody (Gary Farmer) se mue malgré lui, de jeune citadin candide en tueur. Tout y est : la cupidité, la violence, le cynisme, la bêtise de l'homme blanc, le crime, la mort, l'absurdité du sort, la religiosité des indiens, le non sens de tout, l'impossible humanité. C'est un film Rimbaldien, où le jeune moribond assiste halluciné à sa propre mort, à celles du tueur  et de son ami. Dans une barque - son bateau ivre - il retourne d'où il est venu, et disparaît entre ciel et mer. C'est un film intelligent . Au fond, c'est un film maçonnique, le désespoir en plus...           Merci Jim Jarmusch.

STATISTIQUES


mardi 22 avril 2014

RESISTANCE ET OBEISSANCE

"Résistance et obéissance, voilà les deux vertus du citoyen. Par l'obéissance, il assure l'ordre ; par la résistance il assure la liberté. Et il est bien clair que l'ordre et la liberté ne sont point séparables, car le jeu des forces, c'est-à-dire la guerre privée, à toute minute, n'enferme aucune liberté ; c'est une vie animale, livrée à tous les hasards. Donc les deux termes, ordre et liberté, sont bien loin d'être opposés ; j'aime mieux dire qu'ils sont corrélatifs. La liberté ne va pas sans l'ordre ; l'ordre ne vaut rien sans la liberté. Obéir en résistant, c'est tout le secret. Ce qui détruit l'obéissance est anarchie ; ce qui détruit la résistance est tyrannie. Ces deux maux s'appellent, car la tyrannie employant la force contre les opinions, les opinions, en retour, emploient la force contre la tyrannie ; et inversement, quand la résistance devient désobéissance, les pouvoirs ont beau jeu pour écraser la résistance, et ainsi deviennent tyranniques. Dès qu'un pouvoir use de force pour tuer la critique, il est tyrannique."                              
 Alain. 1912 . Propos sur les pouvoirs

mardi 15 avril 2014

LE TEMPLE SECRET


























Je suis loin de chez moi en ce début de soirée.  Le jour baisse. Cette jungle n'est ni impénétrable, ni peuplée de moustiques. Les fauves ne feulent pas. Les singes se cachent. Pourtant comme dans les films d'aventure l'entrée du temple est masquée, pas entre les lianes mais entre deux commerces de la petite ville de province. Un numéro, blanc sur bleu... La porte passée, le corridor, la cour, des frères inconnus, la salle et sa grande table de bois, aux promesses d' agapes chaleureuses, un bar, un escalier craquant, une antichambre, puis le temple -simple et sa belle devise sur une poutre- Le vénérable n'a pas de chapeau de cuir ni de fouet, mais il est chaleureux. J'aime ce labyrinthe et cette idée que la lumière est partout , infiltrée dans la vie et la ville. Nous sommes loin de l'ostentation des frontons au delta lumineux. Nous sommes dans la poésie.

mercredi 9 avril 2014

RECREATION


























Dans les bois, il y a des nains de toutes tailles , des chevaliers, des enfants obèses qui au petit matin emmènent se perdre leurs parents trop riches. Derrière les arbres, des ogres faméliques,  des loups à lunettes noires les regardent passer. Des chaperons très petits et tout rouge affolent des Teutons nostalgiques. Dans les bois on fabrique les échelles, les chaînes de montre, les vierges et les cercueils, les violons des tsiganes, les allumettes, des parallèles et du sombre. Tant  de choses qui amusent les grands-mères délurées, les chasseurs aux fusils de bois, les crapauds et les charançons débonnaires. Seul Dieu s'ennuie au fond des bois. Dans sa chaumière en pain d'épice Dieu joue du cor pour oublier les feuilles et les crânes enfouis sous les feuilles. Il joue pour la sorcière au triangle de feu qui est partie en ville. Dans les bois il y a des pièges, toutes les langueurs et plein de rêves...

mardi 8 avril 2014

LA LISTE DE SENDLER

























C'est en 1942 à Varsovie dans le ghetto qu'Irina Sendler fait sortir des enfants à la barbe des sentinelles allemandes en les cachant dans un sac ou une caisse à outils à l'arrière de son véhicule. Pour couvrir le bruit qu'ils pourraient faire, elle a dressé son chien à aboyer à la demande. Elle en sauvera 2500 dont elle gardera les noms dans une jarre en verre enterrée dans son jardin. Arrêtée par les nazis, torturée et condamnée à mort, elle est sauvée in-extremis grâce à la corruption de ses gardiens. Après guerre elle est reconnue juste parmi les nations, et reçoit l'ordre du sourire. Le prix Nobel de la paix lui échappe en 2007, au profit de Al Gore pour son film sur le réchauffement de la planète. Elle meurt l'année suivante. Le film de J.K Harrisson avec Anna Paquin en 2009 retrace sa vie. Il aurait pu s'appeler la liste de Sendler.

lundi 7 avril 2014

L'ALCHIMIE



Alchimie. Le mot évoque instantanément un vieillard hirsute, entouré d'instruments bizarres dans une cave voutée crépusculaire. Sur le feu ronronne une mixture verdâtre. Bloup-bloup. Sur la table, plantes , minéraux, grimoires conversent, échangent des signes. Une chouette observe . Le soufre attend son heure. L'ambiance est plus " Nom de la rose " que " Woodstock ". Au delà de l'image d'Epinal il y a des noms que Lavoisier laissa sur le bord du chemin : Djâber, Bacon, Fludd, Paracelse, Maïer, Valentin, Andreae, Rosenkreutz, Boyle, Newton, Fulcanelli... des travaux, des œuvres, des vies, des textes incompréhensibles, habillés en moyen-âge mais à la réelle musicalité, poétiques, et des images superbes. Sur les gravures, les arbres, les aigles, les rois et la mort s'envolent dans un grand ballet. En couleur elles deviennent chevaliers, loups noirs à plusieurs têtes, châteaux enflammés et créatures démoniaques. Le soleil brule, la lune irradie. C'est trop beau. J'aime cette idée qu' un trésor sommeille non à l'extérieur mais en nous, et que l'on peut transformer notre vil plomb en or. J'aime la noirceur du corbeau, la rose blanche, le feu secret, la vierge ailée, l'androgyne -le double- même si je ne comprends pas. L'alchimie comme transcendance, l'oeuvre comme élixir de jouvence, la transmutation intérieure, le noir, le rouge le blanc renouvelés ... Belle feuille de route pour que l'alchimie débarrassée du passé se régénère et renaisse de ses cendres.



samedi 5 avril 2014

UN ROI , UNE REINE, UNE ETOILE



La planche de maître se profile à l'horizon. Date prise. 
Sujet accepté.
Ce sera quelque chose autour de l'étoile flamboyante, le masculin, le féminin, l'idéal, 
le modèle,
traité de façon alchimique , sur fond de cornue, de -corps nu- de régénération, de putréfaction, de noir, de blanc de rouge... Les premières idées s'organisent. Afin de le faire à ma manière, je prends  plumes et crayons. C'est une autre manière de procéder. Moins de tête, plus d'instinct.
Surprise, déception, le premier dessin ne fonctionne pas. Trop d'informations: la Saturation est-elle  une phase du  Grand Oeuvre ?
Je coupe. D'un, je fais deux. J'éloigne le Roi de la Reine, les met à distance, j'aère. Le texte se fait ondoyant. Noir sur blanc il fait chanter les couleurs.
Le cadre, rigide à l'origine se transforme en serpent, s'arrondit . Le serpent se mord la queue.
L'introduction sera la conclusion. Deux parties distinctes. Quelques graffitis, ces rayures de l'âme
souvenirs de l'enfance  - De l'impertinence -
Un Roi- une Reine.
Chacun son étoile. 
Chacun sa mort.
C'est très étrange le processus créatif. Allons, mes frères, mes soeurs dessinez vos planches .
L'Artiste est l'autre nom de l'Alchimiste.