lundi 7 avril 2014

L'ALCHIMIE



Alchimie. Le mot évoque instantanément un vieillard hirsute, entouré d'instruments bizarres dans une cave voutée crépusculaire. Sur le feu ronronne une mixture verdâtre. Bloup-bloup. Sur la table, plantes , minéraux, grimoires conversent, échangent des signes. Une chouette observe . Le soufre attend son heure. L'ambiance est plus " Nom de la rose " que " Woodstock ". Au delà de l'image d'Epinal il y a des noms que Lavoisier laissa sur le bord du chemin : Djâber, Bacon, Fludd, Paracelse, Maïer, Valentin, Andreae, Rosenkreutz, Boyle, Newton, Fulcanelli... des travaux, des œuvres, des vies, des textes incompréhensibles, habillés en moyen-âge mais à la réelle musicalité, poétiques, et des images superbes. Sur les gravures, les arbres, les aigles, les rois et la mort s'envolent dans un grand ballet. En couleur elles deviennent chevaliers, loups noirs à plusieurs têtes, châteaux enflammés et créatures démoniaques. Le soleil brule, la lune irradie. C'est trop beau. J'aime cette idée qu' un trésor sommeille non à l'extérieur mais en nous, et que l'on peut transformer notre vil plomb en or. J'aime la noirceur du corbeau, la rose blanche, le feu secret, la vierge ailée, l'androgyne -le double- même si je ne comprends pas. L'alchimie comme transcendance, l'oeuvre comme élixir de jouvence, la transmutation intérieure, le noir, le rouge le blanc renouvelés ... Belle feuille de route pour que l'alchimie débarrassée du passé se régénère et renaisse de ses cendres.