Tout
est bien dans ce film. L'histoire, l'image en noir et blanc, les
personnages, le jeu des acteurs, l'invention, l'affiche. Jusqu'aux
riffs de guitare de Neil Young qui hantent et transpercent l'oeuvre
de part en part. Il s'agit d'une quête initiatique dans l'ouest
américain de la fin du XIXème siècle. Le jeune héros William
Blake homonyme du poète défunt (Johnny Deep) sous le regard
bienveillant et distancié de son ami lettré indien Nobody (Gary
Farmer) se mue malgré lui, de jeune citadin candide en tueur. Tout
y est : la cupidité, la violence, le cynisme, la bêtise de
l'homme blanc, le crime, la mort, l'absurdité du sort, la
religiosité des indiens, le non sens de tout, l'impossible
humanité. C'est un film Rimbaldien, où le jeune moribond assiste
halluciné à sa propre mort, à celles du tueur et de son ami.
Dans une barque - son bateau ivre - il retourne d'où il est venu,
et disparaît entre ciel et mer. C'est un film intelligent . Au fond,
c'est un film maçonnique, le désespoir en plus... Merci Jim Jarmusch.