dimanche 26 décembre 2021

COLLECTION SIGNE DE PISTE

 


Enfant, puis adolescent, j'ai eu un rapport ambigu avec le scoutisme. La vie en plein air, les feux de camp, le couteau à la ceinture et les chaussettes roulées sur les brodequins me fascinaient... Les noms de totem, les corvées, les bannières, la hiérarchie et les références trop appuyées à une chevalerie en croisade... un peu moins! Ainsi,  je n'ai pas été scout, et me suis contenté de lire les livres de la collection Signe de Piste de ma mère. Dans les années 30, le mouvement crée en 1907 par le protestant Baden-Powell fait de nombreux émules. En 1937 Serge Dalens et l'illustrateur Pierre Joubert conçoivent ces romans scouts. Il donnent vie au très aryen et très aristocratique Prince Eric, qu'ils font mourir en 1943, frappé par la réalité de la guerre. La saga initiatique brandissant les valeurs d'entraide, d'amitié et de respect connaitra un vif succès, à une époque embrasée où des jeunes hommes en uniforme rêvent d'aventures, d'honneur, d'initiation, de dépassement de soi, de serment, de pureté... On connait la suite! D'autres récits m'emmèneront vers d'autres rivages. "Le Tigre et sa panthère" (de Larigaudie),  "Le Chef à l'œil d'ivoire" (Aimé Roche), "Longue Piste" (Denis Roland) me propulseront dans l'Inde de Kipling, au pays des Inuits ou chevauchant un Yack au Népal... On ne se remet jamais de son enfance et de son trouble. "Loup, un jour. Loup, toujours." Mon sac rempli de mystère est encore prêt à partir.

vendredi 17 décembre 2021

LA BICYCLETTE

 


Une des plus belles chansons sur l'enfance, aux senteurs de soleil et de premiers émois. En 1968 au sommet de sa carrière et de son art, Montand nous offre un hymne à "La bicyclette" et aux jupes qui s'envolent. Ah! Paulette....  Musique géniale de Francis Lai, petit air entêtant teinté de coups de sonnette. Paroles de Pierre Barouh qui s'inspire de ses propres souvenirs de réfugié en Vendée pendant la guerre. Cet été 68, au parfum de liberté  après les évènements de Mai, au fil de vacances dont on avait l'impression qu'elles dureraient toujours, fut l'un des plus beaux de mon enfance, traversé par cette chanson que, déjà nostalgiques nous croyions, ma sœur, mon cousin et moi qu'elle avait toujours existé.  Les lamentos des violons et la stridulation des sauterelles en bouquets s'étonnent encore de cette insouciance envolée. 

Une autre fois je vous parlerai du Solex de ma grand mère, de "La guerre des boutons", magnifique film d'Yves Robert. Les autres... pffff


samedi 11 décembre 2021

DYSTOPIE

 


Dystopie/ le genre connait un engouement en BD et sur les écrans: Hunger Games, Le Labyrinthe, Divergente... Adaptés de romans ces sagas utilisent les mêmes arcs narratifs. Dans un univers post-apocalyptique une caste de nantis, autoritaire et dégénérée  maintient sous le joug des populations misérables. S'inspirant des jeux cruels de l'antiquité ou de la mythologie, à date régulière les districts doivent remettre des jeunes gens qui s'entretuent, assurant le spectacle et la cohésion de la société (Hunger games), les jeunes adultes doivent choisir leur faction (Divergente) parmi les cinq officielles ou des adolescents doivent survivre dans le piège oppressant d'un monstre de béton (Le Labyrinthe). Les ingrédients sont la jeunesse, l'action, l'amour, la hiérarchie, le bien le mal, la dualité, le dépassement de soi, l'accomplissement sur fond de désespoir et de villes crépusculaires. Dans ces groupes, il est question d'initiation, de serment, de signes, d'épreuves. La mort y rôde, la fraternité aussi... On est loin ici de l'univers DC et Marvel des super héros, aux pouvoirs venus de l'espace, ou suréquipés en technologie. Ces récits imaginaires de sociétés dont il est impossible de s'échapper surviennent toujours après un cataclysme, une guerre civile, une pandémie, dans une planète dégradée et cloisonnée, où la dictature domine les corps et les esprits. Rassurez-vous! Toute ressemblance avec une  actualité passé, présente ou à venir serait fortuite !

PS: Les cinq factions de Divergente sont: "Les Courageux", "les Sincères", "les Altruistes", "les Erudits", "les Fraternels". Le régime impose l'appartenance à une faction, (et une seule!) sous-peine de clochardisation.  Quelle serait-la vôtre? Quelle est la mienne ? Terrible...

dimanche 5 décembre 2021

VERS UNE SOBRIÉTÉ DÉFINITIVE


 

LES SENTIERS DE LA GLOIRE

 


1957- Jugé anti-militariste en pleine guerre d'Algérie le film n'est pas projeté dans les salles en France à sa sortie. Offrant à Kirk Douglas l'un ses plus beaux rôles, le réalisateur Stanley Kubrick s'inspire de faits réels (l'affaire des caporaux de Souain) dans un opus en noir et blanc sur la grande guerre. Tranchées, trous de marmites remplis d'eau et de cadavres, assaut absurde voué à l'échec, combattants découpés à la mitrailleuse, peur au ventre, exécutions aléatoires... côté troupe. Bals mondains, hiérarchie stupide, carriérisme, ordres iniques ... côté galonnés. C'est l'originalité de ce film de guerre. L'ennemi n'est pas l'Allemand, mais le Bourgeois planqué de son propre camp... l'ennemi de classe. Pour oublier le peloton au petit matin, la peur de mourir, l' homme fusillé sur un brancard, fermons ce bal des sacrifiés sur l'un des plus beaux moments du film: les yeux humides des soldats français braillards puis émus, fredonnant dans un cabaret "Der Treue Huzar" entonnée par une jeune allemande terrorisée... leur fille, leur femme, leur sœur, leur mère. Une lueur d'humanité plus forte que la guerre.