Le "touche-à-tout" génial de Saint-Germain-des-Prés n'aura pas fait de vieux os. Atteint d'une malformation cardiaque Boris Vian le pressent au début des années 50 quand il écrit lors une période difficile : Je voudrais pas crever -Avant d'avoir connu -Les chiens noirs du Mexique- Qui dorment sans rêver- Les singes à cul nu- Dévoreurs de Tropiques- Les araignées d'argent- Au nid truffé de bulles- Sans savoir si la lune- Sous son faux air de thune- A un côté pointu- Si le soleil est froid- Si les quatre saisons- Ne sont vraiment que quatre"... Cette longue supplique n'est publiée qu'après sa mort en 1959 à 39 ans lors de la première de "J'irais cracher sur vos tombes", puis chantée par quelques interprètes dont Reggiani, Lavilliers, Eiffel... On y sent l'appétit de vivre du trompettiste de jazz, son goût de la fête, malgré son pessimisme et son talent d'écrivain contesté. A votre tour tentez d'envisager par l'écriture votre propre fin et son cortège de regrets. "Je voudrais pas crever, avant, avant de..." Pas si facile ! Si vous y parvenez, c'est que la bête qui vous dévore n'est pas morte.