J'aime écouter la plupart des tribuns, intellectuels, politiques, orateurs. J'aime ceux qui par la parole articulent leurs idées, les rendent audibles, compréhensibles, séduisantes... J'aime les arguments des autres, la chaleur de leurs voix, leur culture au service d'une vision. J'aime leur conviction, leur mauvaise foi, leur aveuglement, leurs stratagèmes balayés par d'autres partis pris, ceux de leurs détracteurs. Autant vous dire que je passe du temps à écouter des "intelligences" sur la toile en travaillant. Par ordre d'apparition à l'écran: Onfray, Bégaudeau, de Lagasnerie, el Razhoui, Polony, Jancovici, Mélenchon, de Villiers, Barreau, Branco, Chouard, Larrouturou, Todd, Buisson, Servigne, Ruffin, Zemmour, Stiegler, Glanz, Pinçon-Charlot, Plenel... aucun ne me dérange, quel que soit son regard: droitier, catastrophiste, partisan, libertaire, zadiste, souverainiste, révolutionnaire... Chacun y voit clair selon son éclairage, aucun ne voit trouble selon sa focale. Tel Ulysse, accroché à son mât, j'écoute le chant des sirènes sans être attiré par le fond. Dans le débat, seule une aigreur perceptible, un ego trop prononcé, la suffisance et l'agressivité me font trouver l'orateur suspect, ainsi que le manque d'humour. On dit que les grands génocidaires, les dictateurs, les ayatollahs de tout poil en manquent cruellement. Ils se confrontent rarement au débat contradictoire, haranguent, attisent la haine et invectivent. Au pied de la tribune, le bâillon, la corde, la balle, le glaive, l'acide et quelques livres fétides... les rendent persuasifs !