Municipales obligent … Les pointures nationales vont adouber les petits candidats en province. Enfin, par chez nous ce sont plutôt celles de gauche qui se déplacent parce que les autres ne viennent pas trop. Bon ! là, c'était Jean-Luc Mélenchon et j'avais bien envie de l'entendre. Les tribuns ne sont pas légions alors quand l'un passe dans le quartier, il faut en profiter. Je n'ai jamais été très politisé. Trop sceptique. Jeune, entre des parents, des grands parents gaullistes et des profs trotskystes ou maoïstes , il a fallu jongler... Je me suis construit un être hybride aimant Ferrat, Ferré, Brassens et Bonaparte! Mais ce soir, j'ai envie d'entendre ...
débiner
le capitalisme et le libéralisme sauvage, je vais au Meeting. Je ne
suis pas déçu; quel brio! Pas une note écrite, pas un
bredouillement, de la théâtralité, des effets de manche, des
changements de ton, du «camarade», du «Robespierre a dit», du
«Jaurès mes amis», du «mes frères mes soeurs» avec
l'Internationale et la Marseillaise pour finir. Ne manque que le
temps des cerises. Le tribun Jean-Luc nous rappelle que la parole
est une arme puissante, qui enflamme ou n'enflamme pas -d'ailleurs-
(en comparaison les candidats locaux font pâle figure...) qu'elle
est vecteur de paix ou de haine, porteuse d'idées généreuses ou
monstrueuses, bref que la parole est un art, qui comme tous les arts
repose sur un mensonge. Puits sans fond, illusion de vérité
comme la peinture , le théâtre, le roman, le cinéma et tout le
reste , elle nous embarque comme le magicien nous embarque dans son
tour - et hop ! le chapeau, la colombe, la fille coupée en morceaux-
et nous applaudissons parce que... parce
qu'on nous raconte des histoires et que nous aimons ça.