Un
poème est un cri. « La Maçonne » en butte à un censeur m'envoie
celui-ci. Ses mots crépitent et sans doute soulagent. De mon côté,
mes frères, mes sœurs je vous laisse méditer la sentence que le
vieux Gide nous balance dans les gencives : « L'art
nait de la contrainte, se nourrit de luttes et meurt de liberté».
Nous
sommes loin du mythe de l'artiste romantique, prométhéen dont la
créativité repose sur cette dernière. Pourtant... Si l'on vous impose
pour illustrer ce poème de dessiner un homme rouge coupé en deux
par un texte, avec une maison d'où sort une fillette - deux couleurs
seulement, gribouillis obligatoire, assorti du diktat de signer son
dessin d'un pseudo- vous commencerez à créer. Les œuvres seront
personnelles, et différentes si les contraintes changent. En
revanche, Si vous avez quartier libre, vous n'arriverez à rien de
bon.. Paradoxe. Rassure toi, ma sœur Maçonne, tu gagnes ta liberté
quand on veut te la réduire, et tu révèles ton vrai visage quand
un cuistre te reproche d'être masquée. La Lumière n'est pas
toujours ou l'on croit.
CENSURE
Les mots
chiffonnés
Fragile
forteresse
Se
rayent comme un refrain,
Crincrin
de la censure,Encore.
Je pense
à toi, mon frère
Vieux
poète,
Que j'ai
vu mourant, mort
Six
pieds sous terre
Tu les
trompais, jabots de nuit et
censeurs
chamades
Qui
ébavuraient tes rêves,
avant
que je ne sois née,
Menottant
tes mots
au
peloton d'exécution
Une
balle par syllabe,
Désinfectant
les ratures
Je te
revois entre deux colonnes
de
livres
M’adouber
d'une épée d'encre
et d'une
armure de papier
devant
deux rivières en bataille,
Un
sourire en coin.
La
censure est là,
Aussi
ivrogne que mégère,
d'un
mauvais alcool, de mauvaises prières,
Aussi
difforme que chimère
Qu'hier.
Sang sur
tes souvenirs
Vieux
poète,
Mourant,
mort, un alexandrin sous terre,
Qu'aucune
censure n'a fait taire.
La Maçonne