samedi 30 novembre 2013

ART-CENSURE ET LIBERTE



Un poème est un cri. « La Maçonne » en butte à un censeur m'envoie celui-ci. Ses mots crépitent et sans doute soulagent. De mon côté, mes frères, mes sœurs je vous laisse méditer la sentence que le vieux Gide nous balance dans les gencives : « L'art nait de la contrainte, se nourrit de luttes et meurt de liberté».  Nous sommes loin du mythe de l'artiste romantique, prométhéen dont la créativité repose sur cette dernière. Pourtant... Si l'on vous impose pour illustrer ce poème de dessiner un homme rouge coupé en deux par un texte, avec une maison d'où sort une fillette - deux couleurs seulement, gribouillis obligatoire, assorti du diktat de signer son dessin d'un pseudo- vous commencerez à créer. Les œuvres seront personnelles, et différentes si les contraintes changent. En revanche, Si vous avez quartier libre, vous n'arriverez à rien de bon.. Paradoxe. Rassure toi, ma sœur Maçonne, tu gagnes ta liberté quand on veut te la réduire, et tu révèles ton vrai visage quand un cuistre te reproche d'être masquée. La Lumière n'est pas toujours ou l'on croit.

CENSURE  
Les mots chiffonnés
Fragile forteresse
Se rayent comme un refrain,
Crincrin de la censure,Encore.
Je pense à toi, mon frère
Vieux poète,
Que j'ai vu mourant, mort
Six pieds sous terre
Tu les trompais, jabots de nuit et
censeurs chamades
Qui ébavuraient tes rêves,
avant que je ne sois née,
Menottant tes mots
au peloton d'exécution
Une balle par syllabe,
Désinfectant les ratures
De tes derniers poèmes. 



 

Je te revois entre deux colonnes
de livres
M’adouber d'une épée d'encre
et d'une armure de papier
devant deux rivières en bataille,
Un sourire en coin.
La censure est là,
Aussi ivrogne que mégère,
d'un mauvais alcool, de mauvaises prières,
Aussi difforme que chimère
Qu'hier.
Sang sur tes souvenirs
Vieux poète,
Mourant, mort, un alexandrin sous terre,
Qu'aucune censure n'a fait taire.                                                      

La Maçonne