jeudi 7 novembre 2013

MICHEL


 

La dernière qualité requise dans notre Ordre est le goût de la Science et des Art Libéraux. Ainsi l'Ordre exige de vous de contribuer par sa protection, par sa libéralitéou par son travail à un vaste ouvrage auquel nulle Académie ne peut suffire, parce que toutes ces Sociétés étant composées d'un très petit nombre d'hommes, leur travail ne peut embrasser un objet aussi étendu.Tous les Grands Maîtres, en Allemagne, en Angleterre, en Italie et ailleurs exhortent les Savants et tous les artisans de la Confraternité de s'unir pour fournir les matériaux d'un Dictionnaire Universel des Arts Libéraux et des Sciences utiles, la théologie et la politique seules exceptées...


On a déjà commencé l'ouvrage à Londres et par la réunion de nos Confrères, on pourra le porter à sa perfection dans peu d'années. On y explique non seulement les mots techniques et leur étymologie, mais on y donne encore l'histoire de chaque science et de chaque art, leurs principes et la manière d'y travailler, par là on réunira les Lumières de toutes les Nations dans un seul ouvrage qui sera comme une Bibliothèque Universelle de tout ce qu'il y a de grand, de lumineux, de solide et d'utile dans tous les arts nobles. Cet ouvrage augmentera dans chaque siècle, selon l'augmentation des Lumières et il répandra partout l'émulation et le goût des belles choses et des choses utiles. Le nom de "Franc-maçon" ne doit donc pas être pris dans un sens littéral et grossier et matériel, comme si nos instituteurs avaient été de simples ouvriers en pierre ou des génies purement curieux qui voulaient perfectionner les arts. Ils étaient d'habiles architectes qui voulaient consacrer leurs talents et leurs biens à la construction des temples extérieurs, mais aussi édifier et protéger les temples vivants du Très-Haut; c'est ce que je vais monter en vous développant l'histoire ou plutôt le renouvellement de l'Ordre. Chaque famille, chaque république, chaque empire, dont l'origine est perdue dans une antiquité obscure a sa fable, sa vérité et son histoire. Quelques-uns font remonter notre Institution jusqu'au temps de Salomon, ou jusqu'à Moyse, d'autres jusqu'à Abraham, quelques-uns jusqu'à Noë et même jusqu'à Enoch qui bâtit la première ville, ou jusqu'à Adam. Sans prétendre nier ces origines ,je passe à des choses moins anciennes. Voici donc ce que j'ai recueilli dans les antiques Annales de la Grande Bretagne, dans les Actes du Parlement Britannique, qui parlent souvent de nos privilèges, et dans la Tradition vivante de la Nation anglaise qui a été le Centre de notre Confraternité depuis le XIème siècle. Du temps des Croisades dans la Palestine, plusieurs princes, seigneurs et citoyens s'associèrent et firent voeu de rétablir le Temple des Chrétiens dans la Terre Sainte, aussi de s'employer à ramener leur architecture à sa première Institution. Ils convinrent de plusieurs "Signes anciens" et de "mots symboliques", tirés du fond de la Religion, pour se reconnaître entre eux d'avec les infidèles et les Sarrasins. On ne communiquait ces signes et paroles qu'à ceux qui promettaient solennellement et, souvent même, au pied des autels, de ne jamais les révéler. Cette promesse sacrée n'était donc pas un serment exécrable comme on le débite, mais un lien respectable pour unir les Chrétiens de toutes les Nations dans une même Confraternité. Quelques temps après, notre Ordre s'unit intimement avec les Chevaliers de Saint Jean de Jérusalem. Dés lors, nos Loges portèrent le nom de Loges de Saint Jean. Cette union se fit à l'exemple des Israélites lorsqu'ils élevèrent le second Temple. Pendant qu'ils maniaient la truelle et le compas d'une main, ils tenaient dans l'autre l'épée et le bouclier. Notre Ordre, par conséquent, ne doit pas être considéré comme un renouvellement des Bacchanales, mais comme un Ordre moral, fondé de toute antiquité et renouvelé en Terre Sainte par nos Ancêtres, pour rappeler le souvenir des vérités les plus sublimes au milieu des plaisirs de la société.