dimanche 10 mars 2013

LE BALTO : 5ème épisode - MONSIEUR RENE -


En fait, ça n'a pas tellement détendu l'atmosphère. Monsieur René, avec les yeux mi-clos, un regard amusé comme s'il s'était retrouvé embusqué dans un banquet de chasseurs, m'a dit que l'argent était le nerf de la guerre, et que - les actionnaires - et que -le patrimoine- et que -la croissance- et le goût de l'effort... J'ai un peu décroché, à vrai dire, parce que les discours autour de l'argent, ça me fatigue vite. Je trouve pas tellement rigolos les banquiers et les traders. Roger a demandé ce qu'on ferait si on gagnait à l'euro-million. J'ai dit que je m'en foutais. Ils m'ont tous regardé -bizarrement- Ensuite, ça a dérivé sur les programmes télé du soir. Jacky a dit qu'il supportait pas Yanartusbertran qui prophétise sur la destruction de la planète, les ours tout maigres sur la banquise, avec sa voix de grand-prêtre, de la pollution , de la faim dans le monde, du médiator, ou du maïs OGM.  De tout ces trucs qui collent le cafard.






- « Déjà, que l' avenir est pas radieux-radieux, si en plus faut se tarter l'autre bobo en hélico...»   Jacky trouvait ses propres réponses!

Riton, a dit que la crise c'était la faute aux juifs, aux francs-maçons, aux pédés, aux arabes et aux chômeurs qu'étaient tous des feignants. Je lui demandé s'il s'était réabonné à «Je suis partout» mais ça l'a pas fait rire. Il a rajouté que les intellos style Jean-Paul Sartre quand ils se trompaient, ça avait quand même plus d'allure qu'un truc vrai dit par un con! Là on a pas pu lui donner tort.

Monsieur René nous a parlé de son fils journaliste. Brillant, promis à un bel avenir dans un groupe de presse, tenu par un «magnat» du bâtiment. Je me suis pensé que, s'il était payé par ce type, sans doute qu'il n'allait pas en dire trop de mal. Et que l'un et l'autre n' avaient pas tellement envie que les choses changent. Il serait pas mis au placard celui-là...Mais des fois j'ai l'esprit mal tourné...

Riton a dit - « Je vais fermer les gars, il est tard »

C'est vrai qu'il était tard et que la soirée commençait à s'étioler. On en a repris une dernière. Quelqu'un a lancé dans la salle.

- « Le panache, ça dessoiffe, comme disait Cyrano.»

Il y a eu des rires, Kamel et Monsieur René.

On s'est séparés sur le boulevard des Pyrénées. On avait quand même bien avancé sur le questionnement personnel de Jacky, et sa conscience individuelle. Sauf que Jacky, il tirait une tête de cents pieds de long: l'air dubitatif.

Monsieur René est remonté dans sa BMW, grise, très classe, et il a dit. 
 - « A dimanche les amis. »