Belle
gueule ce Camille: yeux de jais, cheveux longs et favoris fournis,
redingote à grand col, chemise blanche agrémentée d'un foulard
blanc, la taille bien prise, la culotte aristocratique... Franc-maçon
initié à seize ans à Amiens, avocat désargenté, orateur remarqué
malgré son bégaiement , il épouse Anne Lucile Laridon-Duplessis -
son double- jeune femme attachante issue de la bourgeoisie: bref, un
beau parti. Tous les deux sont jeunes et croient à la Nation, à
l'abolition des privilèges et aux idéaux révolutionnaires. Deux
siècles plus tard ils seraient peut-être patrons de presse,
écologistes bobos, dans l'humanitaire, ou dans les affaires mais en
pleine Révolution ils veulent changer le monde: les
Lumières distillent leur clarté. Celle ci devient ténue en
1794.
Les
positions disons «tranchées» du jeune homme, son orgueil, son
caractère irascible et sa plume trempée dans l'acide le conduisent
sur la planche à bascule, après qu'il ait dénoncé la Terreur, oeuvre de son ami et collègue Robespierre. Il prononce
quelques phrases d'anthologie lors de son procès et dans la
charrette qui le mène à l'échafaud avec Danton, Chénier et Fabre
d'Eglantine ( Frères?...) Très
excité il parle tout le temps - il faut l'attacher- Sa
chemise est déchirée, jusqu'à la taille. Le «French kiss»
l'attend ! Sa
femme le suit dans la mort une semaine plus tard, après avoir tenté
de fomenter une rébellion. C'est très romantique et très moderne. La Révolution tient son couple glamour !
Ces
grands tribuns de la Révolution m'ont toujours impressionné. La
mort fait partie de leur bagage. On est loin du «responsable mais
pas coupable» des années 90 et de l'amnistie revendiquée
récemment pour les actes de vandalisme politique. Comme
aurait pu le constater Samson, bourreau de son état, à propos de la
guillotine - une invention d'un de nos frères, au demeurant - avec cette
avancée technologique, il n'y a que des coupables...