Kamel,
a rajouté que Camus était né vers Bône en Algérie, qu'il jouait
au foot, et qu'il avait écrit de très belles pages sur Tipasa, mais
c'est tombé à plat. C'est à ce moment qu'est rentré Monsieur
René. Monsieur René, est un ancien du quartier, qui a réussi et
qui est devenu notaire. Il a gardé ses habitudes au Balto, et
continue à venir tous les dimanches soir même s'il habite dans les
beaux quartiers. Comment il dit, déjà?
Ah, oui...
-
« Ici
c'est plus authentique! »
l
est resté simple mais je sais pas, je suis quand même pas à
l'aise. J'ai toujours l'impression qu'il nous regarde comme dans un
documentaire, qu'il analyse le côté sociologique de la chose. Il
lit plein de livres, je crois même qu'il en écrit, et aussi il
regarde Arte. Arte, je l'ai regardé une fois parce qu'il y avait une
soirée spéciale sur le flamenco, et j'aime bien le flamenco. Mais
sinon je regarde pas trop.
Il
a mis sa tournée. C'était plutôt bien. Ensuite, il a mis un disque
au juke-box. Alexandrie-AlexandrAAAAA,
ça s'est mis à gueuler.
Il cherchait peut-être du Brahms. Introuvable au Balto. Va pour Clo-Clo.
-
« Alors, mes amis. Que pensez vous de la crise? »
A demandé Monsieur René. Moi, j'en pensais pas grand chose, de la
crise, vu qu'on avait le nez dedans et aussi j'avais envie de lui
dire, qu'on parlait d'autre chose: de la conscience individuelle de
Jacky, mais j'ai rien dit.
Riton
a dit qu'on était dans la merde et tout le monde a acquiescé.
Là,
ça a dérapé sur l'Europe, la mondialisation, les étrangers, les
Roms, les prières dans la rue. Kamel, a dit qu'il payait des impôts
et qu'il avait pas le droit de voter. Riton lui a répondu, qu'il
avait qu'à aller voter en Algérie. C'était un peu tendu. Pour
détendre l'atmosphère, j'ai balancé comme ça:
-
« De
toutes façons, on est tous obnubilés par le pognon. Les riches en
ont; les pauvres écarquillent les yeux, fascinés. Ils les
respectent pour ça. Ils les envient, ils veulent faire pareil. Boire
du champagne sur les yachts, avec des super poulettes, se mettre au
golf, construire une tour à leur maison, manger des ortolans avec un
chiffon sur la tête, et tutti-quanti. C'est pour ça que les mômes
veulent tous être footballeurs, même s'ils ont des possibilités,
ou rock-stars, C'est pour ça qu'on joue tous au loto. Et que, quand
on a gagné, on fait comme les riches: on a plus tellement envie de
partager... »