A Jules Vallès, Eugène
Varlin, Louise Michel, Gustave Courbet et tous les autres gars qui comme dans la chanson de Reggiani «...avaient si grand cœur
qu'on ne voyait que lui aux trous des chemises »
-Paris ma Rose-
-Paris ma Rose-
La
chanson de Jean Baptiste Clément nous vient parfois aux lèvres,
chargée de nostalgie. Ecrite de façon prémonitoire en 1866 elle
fut dédiée plus tard par son auteur à une infirmière morte lors
de la semaine sanglante. Les Francs-Maçons du grand Orient de France
l'entonnent quand ils commémorent au Père Lachaise le premier mai
les combats et le massacre des fédérés du 28 mai 1871. Mais foin
des détails historiques. Une évidence me saute aux yeux. Les
communards, ces hommes, ces femmes, ouvriers, cousettes, typographes,
artisans, petits patrons, frères maçons, artistes, journaliers,
journalistes... étaient d'une sacré trempe. Que leurs rêves
d'autogestion, de justice, de partage , de liberté n'aient pu
s'épanouir, noyés dans le sang - c'était écrit - La bourgeoisie
triomphe toujours, même républicaine. Mais quel cran dans leur
sacrifice; entre 15000 et 30000 morts. Paris mettra vingt ans à
reconstituer les forces vives de l'artisanat de ses faubourgs. Le prix fort pour les survivants; déportation ou exil. La
comparaison n'est pas à notre avantage. Forgés dans l'acier,
taillés dans le roc ces gars, ces filles là, nous toisent. Nos
combats , nos idéaux leurs inspireraient-ils une chanson ? Nos
rêves : maison à crédit, boulot, retraite, voiture, téléphone
portable, réseaux sociaux, J.O, coupe du monde, pouvoir d'achat, RTT,
vacances à la plage, prothèses mammaires, mariage pour tous, salles
de gym... sentent bon la pantoufle, le pot-au-feu et l'épargne... Pas
de quoi mourir, sinon d'ennui ou appeler à l'insurrection. Les
Versaillais triomphent. Occupant le terrain, ils ont aussi gagné la
bataille des esprits, puisque nous sommes devenus Versaillais à
notre insu, la foi en moins. Paris peut bien dormir tranquille . A Montmartre, la meringue boursouflée du Sacré-Coeur la protège. La plaie ouverte
s'est refermée... Paris la rouge est morte, blanchie, cautérisée.
Il n'est pas seulement bien court « Le temps des cerises ».
Il est aussi bien loin !
Nota: pour finir sur une note moins amère... Coincée sur le Web entre jean's et tables d'hôtes « Le Temps des Cerises » est aussi une maison d'édition parisienne crée en 1993 qui entretient la flamme avec ses 800 titres.
Le Temps des Cerises - 01 42 01 45 99 - contact@letempsdescerises.net - 47 av Mathurin Moreau 75019 Paris. www.letempsdescerises.net/