Je
vous écris de Hollande. On ne peut pas travailler tout le temps.
J'ai été rejoindre mon fils et sa copine, qui sont « entre deux
eaux »: plus vraiment étudiants, pas vraiment dans la vie active.
Le voyage s'est bien passé. Billet low-coast, jolies hôtesses de
la Lufhtansa et 4 heures d'attente à Munich. Au dessus de
l'Allemagne, il y a eu des trous d'air. Cela tapait dur. Je me suis
dit que j'aurais fait un piètre pilote de bombardier durant la
guerre, et que vue du ciel la guerre c'était idiot, avec les petites
maisons, les champs bien labourés et les nuages ; je me suis refait
« Terre des hommes ». A Rotterdam, les jeunes n'étaient
pas au
rendez-vous, ou du moins on ne s'était pas mis d'accord sur le lieu
du rendez-vous, ce qui ajouté à un problème de téléphone, a
retardé un peu les retrouvailles... On s'est finalement retrouvés,
et mon fils m'a fait choisir un vélo. C'était celui avec la roue
arrière voilée et la selle en bas ou celui sans frein avec le
guidon désaxé. J'ai choisi le second. Repas dans une taverne,
enchaîné sur une vente de vêtements «vintage» dans un lieu
tendance : 5 euros le kilo de fringues, c'était pas cher, mais
j'avais pris le parti d'alléger mon sac, ce n'était pas le moment de se charger.
Il était 22 heures... et on devait rejoindre l'appartement. On est
passé sous le fleuve, dans un truc incroyable. Un tunnel à vélos,
piétons et voitures construit entre 1937 et 1942, passant sous le
fleuve -Maastunnel- ça s'appelle, avec un édicule de ventilation
sur chaque rive, traité façon sécession Viennoise. C'était la
première fois que je prenais un escalator en bois avec un vélo
pourri. Décidément, si les voyages ne forment pas la jeunesse, je
n'y comprends plus rien.