mardi 29 janvier 2013

LES AIGLES MEURENT AUSSI



L'escalade c'est comme le reste. Il y a ceux qui parlent et ceux qui grimpent...
-Souvenir, souvenir- nous discutons varappe à noël avec mes deux fils qui pratiquent:
Nous parlons d'hier, des années 80, Fontainebleau, Chamonix, le Verdon, Destivelle, Messner, Patrick Edlinger... Réflexe d'aujourd'hui: internet -you tube:
«La vie au bout des doigts - l'Opéra vertical» Ils découvrent - je redécouvre- la chevelure blonde, le profil aquilin, la silhouette longiligne du grimpeur, les doigts d'acier véritables serres. Respect ! 

 
Gasp! On découvre aussi qu'il vient de mourir un mois plus tôt chez lui dans le Verdon. Chute d'escalier, on ne sait pas trop... Son parcours, la chute de 94, la mort du frère de cordée Berhault, du cinéaste Janssen, la dépression, l'alcool. L'aigle, comme l'albatros de Baudelaire s'est un peu échoué ces dernières années. C'est pourri Internet...
Difficile de vieillir pour ceux qui ont connu l'extrême, l'ivresse et la liberté totales, les cimes, puis l'ombre, l'oubli et l'indifférence. L' adret et l'ubac de la nature humaine.
Mais dors en paix mon gars, tu as fait le travail, ouvert la voie si l'on peut dire, avec ton style, ton camion, ton sandwich et ton verre d'eau...La pierre il y a ceux qui la taillent et ceux qui l'affrontent... Sur les parois verticales, l'ombre de ton vol silencieux se détache à jamais portée par le souffle de ton éternelle jeunesse.