samedi 1 mai 2021

QUESTION POUR UN NAPOLÉON

 


Le  Petit Tondu ne laisse pas indifférent. Glorieux pour certains, désastreux pour d'autres... visionnaire par l'organisation moderne du pays qui met un terme à la terreur révolutionnaire tout en conservant les acquis de conscience et de propriété, instigateur du code civil, des préfectures, du baccalauréat,  vainqueur d' Arcole, Marengo, Austerlitz... ou tyran après un coup d'état, fomenteur de guerres incessantes, misogyne à la vision clanique, qui rétablit l'esclavage, l'état policier,  vaincu de la Bérézina, Leipzig, Waterloo qui réduit le pays après l'Empire... Ce débat à mon sens est vain puisque l' analyse de cette "aventure" se fait  hors champ de la société, de l'époque et d'évènements qu'une alchimie politique ont rendu possible. Une autre question me turlupine. Pourquoi ce petit général Corse, ayant réussi à se hisser sur le toit de l'Europe, fascine t-il toujours autant de nos jours, y compris dans des pays dont il n'a pas bousculé l'histoire, en Asie par exemple? Que véhicule son épopée ou sa relecture, pour que des génies romantiques comme Hugo, Balzac, Vigny (même Beethoven un temps) aient été  fascinés par ce nouvel Alexandre? Sans doute l'ambition personnelle, la destinée, la chance saisie au delà du déterminisme social, l'écriture de sa propre histoire superposée à une page singulière de la nôtre, une communication sans faille, la liberté, la jeunesse, la gloire, l'aventure teintée d'exotisme, la virilité à cheval, la soif de pouvoir, la mise au pas des puissants par son génie militaire, la chute, l'exil, la mort en martyr, une légende orchestrée... sont-elles des amorces de réponse. Napoléon, l'homme au "bicorne en bataille", dernier César épique, archétype de notre inconscient collectif nous renvoie à notre propre récit, à notre ambiguïté et à nos mornes aspirations. 

PS: Le débat s'il s'installe ne portera pas sur la comparaison avec un autre caporal dont les rêves monstrueux et racistes finirent eux-aussi en Russie... Merci d'avance.