Ces jeunes maréchaux qui mènent leurs hommes au combat participent de la légende napoléonienne. Ils se distinguent des états majors modernes planqués dans leur QG. Sabre au clair, ou cravache à la main, ils chargent sous la mitraille et pèsent eux-mêmes dans la décision par leur fougue et leur charisme. Murat est de ceux-là. Fils d'aubergiste sur le causse Gramat, il reconquiert ses galons aux côtés d'un certain Bonaparte le 13 vendémiaire en réprimant la révolte monarchiste au pied de l'église Saint-Roch. Les deux sont en disgrâce pour leur passé robespierriste (tombé un an plus tôt). Le sabreur tombera amoureux de la sœur de Bonaparte, Caroline âgée de 15 ans, puis s'illustrera à Austerlitz, Iéna, Eylau dans des charges décisives. Beau gosse, aux tenues extravagantes, excellent cavalier, combattant farouche il est adulé par ses ennemis et par les femmes. Les cosaques veulent le prendre vivant. Les femmes aussi... Fait roi de Naples par son beau frère avec qui il ne sera jamais intime comme Lannes ou Bessières, il engage des réformes dignes d'intérêt et est aujourd'hui encore vénéré des italiens. Garibaldi le chante comme "Le roi des braves et le plus brave des rois ". Voilà pour la légende dorée. La noire nous le dépeint en être impulsif, vaniteux, sans scrupules... et traitre à l'Empire après Leipzig. Rallié lors des Cents jours, il ne participe pourtant pas à Waterloo et s'en va se faire fusiller dans un petit port de Calabre avec panache. Ce "Fils de la Fortune" est un de ces êtres contrastés (franc-maçon comme la plupart des militaires de l'époque) à qui la Révolution et l'Empire permettent l'éclosion. "Carrière ouverte au talent". Pas si mal comme programme...