dimanche 11 avril 2021

STALKER



Attention chef-d'œuvre annonciateur de temps difficiles et d'exploration urbaine  (urbex). Immergeons nous dans le film Stalker de Andreï Tarkovski (1979) mais prenons notre respiration. L'eau y est omniprésente: en cascade, en pluie, en flaque, en lac, croupie, contaminée, dangereuse ou vitale. Au fil des pièges et des prises de conscience, "Le Passeur" nous guide à travers "La Zone", Jardin d'Eden post apocalyptique où la végétation a envahi les chars abandonnés, les bâtiments lézardés, inquiétants. Empruntant des boyaux, enjambant des dunes de produits chimiques entassés dans ces ruines fantomatiques, le guide quasi christique nous mène à l'entrée de la Chambre : celle où les vœux les plus secrets s'exaucent.  Ses deux apôtres; un professeur (la science) en quête de renommée et un écrivain (l'art) en panne d'inspiration n'y pénétreront pas, ayant compris que tout est vain ou préférant rester pétrifiés dans le monde totalitaire, narcissique, matérialiste... monstrueux. Un chien noir à nos pieds - ombre de loup- abandonnons notre corps dans ce long film (2h40), face contre terre pour une dérangeante introspection. Ces ténèbres, cet effet miroir, cette chambre et cette mort symbolique parleront aux francs-maçons. Le film connut quelques difficultés avec le régime soviétique et de nombreux  membres de l'équipe moururent peu après le tournage dans ces lieux pollués d'Estonie. Le paradis ne se gagne t-il pas au prix de quelques sacrifices ?