Les bateaux sont difficiles à dessiner. Courbes, contrecourbes parallèles et pourtant fuyantes des plats-bords, des bastingages passent
derrière la cabine ; les proportions sont difficiles à saisir. Les
teintes aussi ! - Vieux - ils se chargent d'émotion: patine, peinture
écaillée, planches disjointes, formes démodées nous parlent alors de
temps noyé, de travail, de vies enfuies. Le bateau selon Barthes est la
maison superlative. Au delà du voyage, de l'évasion, de l'exotisme, il
est avant tout la maison essentielle, la coquille qui protège, où tout
est sous la main au milieu du grand tout. Amarrés à Belle-Ile certains
n'ont plus que cette fonction. Je les trouve très beaux. Les êtres à
quai ont-ils ce charme ? - Parfois - s'ils ont vécu et tangué comme
les vieux rafiots.