lundi 28 octobre 2013

DANS LA PEAU



Difficile de ne pas conclure cette série de dessins humoristiques sur le tatouage F.M sans évoquer le tatouage proprement dit. Pas maçonnique comme sujet ? En êtes vous sûrs... Symboles, signes, traces, œil, décomposition, faux, sablier, crâne, serpent, gouttes de sang, épées, voyages, sang... Cela ne vous dit rien? Quand on parle tatouage on parle d' ego en premier lieu, d'identification, d'irrémédiable, de culture (ethnique ou populaire) et d'oeuvre d'art. Ce tapis intime et fragile du corps humain - 5m2- devient le marqueur de l' identité du tatoué, qui se donne à voir, à déchiffrer, devenant son propre lieu de mémoire. Si de tout temps s'est posée la question -quoi tatouer?- le décor a changé. Entre un bagnard se


faisant piquer - ambiance noir de fumée, aiguille rouillée, bouchon- dans sa cellule à Cayenne, un guerrier Maori passant à l'age adulte, et le Biker de San Francisco ayant souscrit la formule complète à grands coups de dollars : catalogue, fauteuil hydraulique, aiguilles aseptisées, hard-rock en fond, auprès d' une star reconnue du stylet... - le cadre romantique ou ethno-culturel n'est pas totalement le même- La rébellion se serait -elle embourgeoisée? Etes vous FIAC ou Art brut ? Autre paradoxe. Devenue à terme un phénomène de mode ( tout rugbyman bien nourri se doit d'avoir son tatouage tribal sur le bras ou le mollet, toute nymphette un peu sexy un papillon sur l'épaule ou la fesse. ) la véritable «tendance» risque fort de ne plus être tatoué... Dans nos sociétés narcissiques et individualisées, chacun se retrouve face à ses choix, son esthétique et ses fêlures. A qui sa pin-up, son poignard, ses félins, le portrait de son grand père ou de son chien, son (mauvais!?) goût, et les codes graphiques premier degré de son groupe. Rockeurs, métalleux, champions, camionneurs, légionnaires, supporters, extrémistes  fleurent bon la joie de vivre, la certitude, la testostérone. Pour ma part j'ai choisi. Bien qu'artiste, l'intérêt de me balader avec un Monet ou un William Blake sur le cul me semble limité. Si j'étais contraint de le faire, j'écrirais: « Ceci n'est pas un tatouage». Mais cette provocation Magritienne serait-elle bien perçue? Ne soyons pas dupes, et constatons ensemble que ces images balancées à la face du monde comme les graffs , Facebook , les billets réguliers d'un blog et l'art en général ne sont que les versions gravées, écrites,  virtuelles ou peintes de la supplique d'enfant:    «Regarde-moi»