Difficile
de ne pas conclure cette série de dessins humoristiques sur le
tatouage F.M sans évoquer le tatouage proprement dit. Pas maçonnique
comme sujet ? En êtes vous sûrs... Symboles, signes, traces, œil,
décomposition, faux, sablier, crâne, serpent, gouttes de sang,
épées, voyages, sang... Cela ne vous dit rien? Quand on parle
tatouage on parle d' ego en premier lieu, d'identification,
d'irrémédiable, de culture (ethnique ou populaire) et d'oeuvre
d'art. Ce tapis intime et fragile du corps humain - 5m2- devient le
marqueur de l' identité du tatoué, qui se donne à voir, à
déchiffrer, devenant son propre lieu de mémoire. Si de tout temps
s'est posée la question -quoi tatouer?- le décor a changé. Entre
un bagnard se
faisant piquer - ambiance noir de fumée, aiguille
rouillée, bouchon- dans sa cellule à Cayenne, un guerrier Maori
passant à l'age adulte, et le Biker de San Francisco ayant souscrit
la formule complète à grands coups de dollars : catalogue, fauteuil
hydraulique, aiguilles aseptisées, hard-rock en fond, auprès d'
une star reconnue du stylet... - le cadre romantique ou
ethno-culturel n'est pas totalement le même- La rébellion se
serait -elle embourgeoisée? Etes vous FIAC ou Art brut ? Autre
paradoxe. Devenue à terme un phénomène de mode ( tout rugbyman
bien nourri se doit d'avoir son tatouage tribal sur le bras ou le
mollet, toute nymphette un peu sexy un papillon sur l'épaule ou la
fesse. ) la véritable «tendance» risque fort de ne plus être
tatoué... Dans nos sociétés narcissiques et individualisées,
chacun se retrouve face à ses choix, son esthétique et ses fêlures.
A qui sa pin-up, son poignard, ses félins, le portrait de son grand
père ou de son chien, son (mauvais!?) goût, et les codes
graphiques premier degré de son groupe. Rockeurs, métalleux,
champions, camionneurs, légionnaires, supporters, extrémistes fleurent bon la joie de vivre, la certitude, la testostérone.
Pour ma part j'ai choisi. Bien qu'artiste, l'intérêt de me
balader avec un Monet ou un William Blake sur le cul me semble
limité. Si j'étais contraint de le faire, j'écrirais: « Ceci
n'est pas un tatouage». Mais cette provocation Magritienne
serait-elle bien perçue? Ne
soyons pas dupes, et constatons ensemble que ces images balancées à
la face du monde comme les graffs , Facebook , les billets
réguliers d'un blog et l'art en général ne sont que les versions
gravées, écrites, virtuelles ou peintes de la supplique d'enfant:
«Regarde-moi»