Te voilà donc –je ne vais pas dire déjà- confronté à tes premières déceptions maçonniques : la constatation que la franc-maçonnerie n’existe pas, et qu’il n’y a que des francs-maçons, lesquels ne se comportent parfois pas, à tes yeux, selon l’idée que tu t’es faite de notre idéal de perfection.
Le
miracle de la franc-maçonnerie, que j’éprouve encore aujourd’hui, c’est
la joie de pouvoir aller à la rencontre, la découverte, de personnes que,
sans la grâce de mon entrée en loge, j’aurais eu du mal à croiser quotidiennement. Notre correspondance en témoigne.
Il
est normal que, par la suite, une sélection se noue dans un lien
d’amitié privilégié. Un autre miracle est de pouvoir forcer sa
bienveillance (au lieu d’une indifférence totale
voire agressive dans le monde profane) dans l’écoute de FF dont le
propos n’est pas à la hauteur de ce que l’on désire attendre d’eux. Même
si l’on se dit « que fais-je ici ? » « Où suis-je tombé ? », on ne
désespère pas, parce que l’on découvre la rudesse
de la vie en communauté qui vous contraint précisément à se poser la
question de sa place en son sein.
Il
y a donc des frères qu’on a du mal à reconnaitre comme tels, mais qui
ont également peut-être du mal à te reconnaitre de la même manière.
Tenir
un blog est, pour certains, une extériorisation valorisante d’un
cheminement dont ils ne veulent pas conserver l’intimité. En
l’occurrence, tu te plains de l’indifférence de
certains rédacteurs de blogs, confrontés à ton site, nécessairement
concurrent dans sa différence. Aurais-tu un droit à disposer de leur
bienveillance ?
Certes,
je me réjouis pour ma part qu’un blog m’ait permis de faire un peu ta
connaissance, mais je ne peux me formaliser du silence d’autrui sur ton
travail. Un blog est l’expression
d’un désir, pas l’AFP. Des FF…n’ont peut-être pas éprouvé d’émotions à
la vision de ton travail et n’ont pas eu envie de le signaler, en bien
comme en mal. C’est ainsi qu’ils conçoivent ce qu’ils estiment devoir
apporter à leurs lecteurs, et ta seule qualité
de F… n’implique pas d’attendre d’eux, parce qu’ils sont également
francs-maçons, qu’ils abdiquent leur liberté d’expression. Je ne pense
pas qu’ils soient soumis à une obligation d’information. Leur ego s’est
simplement frotté au tien.
Il est donc bien prématuré, mon F…Ciril, de conclure de ta déception que la fraternité ne serait qu’utopie ou posture.
C’est
Toi que tu inities au fil des jours. C’est Ta fraternité que tu
dégrossis ou polis. C’est Ta Voie que tu défriches. C’est Ton humilité
que tu éprouves. Pardonne-moi de ne pouvoir
te dire autre chose que « Persévère ». Ce que tu apprendras, tu en auras
payé le prix, comme disait Kipling. Je peux te dire que tout cela te
sera rendu.
Ais-je pu, sans trop te paraitre sentencieux t’éclairer ? te rassurer ?
C’est mon souhait, bien fraternel. F.R.C.