dimanche 10 janvier 2016

LE JUGE ET LE GALABRU



Ces temps-ci la commémoration fleurit : Charlie, Mitterrand... la rubrique nécro est chargée :  Delpech, Turca, Boulez, Courrèges, Bowie aujourd'hui... Il faut choisir, non en fonction de l'importance réelle du défunt mais de celle qu'on lui accorde. J'aurais sans doute fait l'impasse sur la disparition de Galabru, s'il n'y avait ce magnifique film de Tavernier (1976): "Le juge et l'assassin". L'acteur endosse le rôle de Bouvier, ancien sergent, chemineau qui arpente le Sud-Est de la France, balle et folie en tête. Il viole et éventre jeunes bergers et bergères avant de se faire rattraper par les gendarmes et son juge. Celui ci gagne sa confiance pour mieux le trahir. L'histoire est authentique (Vacher au lieu de Bouvier). Le film se déroule dans de magnifiques panoramas, sur fond d'affaire Dreyfus, de chants communards et de grèves ouvrières. Noiret est bon. On a le plaisir de revoir le grand Jean Roger Caussimon. C'est une pépite (comme Uranus - La guerre des boutons - L'été meurtrier - Le choix des armes...) dans la filmographie de Galabru où les nanards fleurissent. A travers ces films il fait la preuve de son immense talent. Ici fou, exalté, pathétique et tellement humain. Entendez le hurler et justifier le mal qui le ronge "je suis l'anarchiste de Dieu". Trop beau ! A chacun son oeuvre. A chacun son chef d'oeuvre...