Moby Dick. Tout le monde connait. Le
grand cachalot blanc hérissé de harpons. En 1956 John Huston
s'empare du chef d'oeuvre de Herman Melville écrit cent ans plus tôt
et ignoré à sa sortie . Il réalise la version
cinématographique la plus célèbre avec Grégory Peck en capitaine
Achab (prononcez Aquab) et Orson Wells en prêcheur démiurge. C'est une histoire d'hommes, de toutes
races, de toutes couleurs, venus de tous les continents, en proie
à leurs rêves, leurs fantômes , leurs démons. Achab ira jusqu'au
bout du monde sur le Pequod pour se venger du cétacé blanc qui lui
a volé sa jambe, entrainant l'équipage à sa perte. Il y a
plusieurs lectures à cette oeuvre. Roman ou film d'aventures, c'est
aussi une oeuvre métaphorique sur le bien et le mal -le noir, le
blanc- l'orgueil, le destin , la punition, aux références
bibliques ( Ismaël, Achab, Jonas...) et aux questionnements : place de l'homme
dans l'univers, existence de Dieu. C'est aussi un documentaire sur
les baleiniers du XIXe , une source de réflexion sur le libéralisme
et l'épuisement des ressources naturelles. Livre insondable comme les
fonds marins. Le blanc ou le noir, voici un
choix que les maçons font perpétuellement, tentant de harponner les préjugés.
Décidément les chefs d'oeuvre n'ont pas d' age, pas de frontière, pas de limite.