Ici
pas de barres d'immeubles, de rubans gris de voies urbaines ou de
néons clignotants en arrière plan. Pas de sirènes et de klaxons en
fond sonore, mais du silence, des tombes, des croix, des ifs , des cyprès, des
frontons au ras d' une barrière en béton bon marché. La même
que l'on trouve au bord des stades. Ce cimetière peu épais - 60
mètres à peine - mais très allongé, nous offre sa partie ancienne
et l'ostentation 1900: chapelles, grilles, croix et suaires de
pierre sculptée -on reste Chrétien et Propriétaire à l'époque- à
mille coudées du kitchissime mauvais goût ....
de la nôtre, où les
envolées lyriques en granit brillant se fardent de colombes
émaillées, et de fleurs en plastique... C'est
assez calme dans l'ensemble, beaucoup plus qu'une école. Les
enterrements se font dans la partie récente. Il y a peu de
profanation, pas de messes noires, lié sans doute à l'absence de
célébrités. Malgré les tentatives des occupants à marquer la
différence le lieu est assez égalitaire et finalement romantique
et reposant. Au second plan, d'autres boites, d'autres fenêtres,
d'autres grilles, accueillent les vivants, qui garent d'autres boites
au pied de leurs immeubles, et regardent leur avenir d'un œil
tranquille . Bienveillants, les morts leur fredonnent le couplet du petit air
sans age « on t'attends » et eux reprennent avec entrain le refrain « rien ne
presse - rien ne presse... ».