lundi 22 avril 2013

MATERIA PRIMA

6/      L’initiation est une purification, elle comporte plusieurs épreuves indispensables pour se régénérer, renaître et se dépasser. Ce sont les épreuves de la Terre, de l’Air, de l’Eau et du Feu ; il s’agit là des quatre éléments alchimiques, non des composants concrets dont ils portent les noms. La théorie des quatre éléments est présente dans de nombreuses traditions très anciennes, comme en Grèce au VIe siècle avant notre ère, et fait aussi partie de la tradition alchimique. En franc-maçonnerie, les épreuves de la Terre, de l’Air, de l’Eau et du Feu que subissent les récipiendaires lors de la cérémonie d’initiation, reproduisent les quatre opérations du Grand Œuvre alchimique, les quatre purifications qui se rapportent aux quatre éléments ; elles aident l’impétrant à se débarrasser de ses préjugés, de ses fausses valeurs. La première épreuve de purification est la putréfaction de la materia prima, elle s’effectue dans le cabinet de réflexion, c’est l’épreuve de la Terre. Le récipiendaire poursuit sa purification dans le temple, il franchit la porte basse, celle qui permet de quitter la vie profane pour




s’engager dans la voie initiatique, celle qui mène à l’Être essentiel. Le premier voyage est aussi une épreuve de purification, c’est l’épreuve de l’Air, le récipiendaire traverse un souffle de vie. L’Air est le support de la volatilité, le mental peut ainsi passer de la terre au ciel, symbole de la spiritualité. L’épreuve de l’Air figure la sublimation de la partie volatile de la materia prima: la pierre doit être dépoussiérée avant de pouvoir être travaillée.Le deuxième voyage est l’épreuve de l’Eau. L’Eau n’est pas ici, comme on l’imagine trop souvent, l’eau commune qui s’écoule du robinet, mais bien l’Eau des alchimistes, c’est-à-dire le Mercure philosophique, principe femelle présent dans tous les corps, la quintessence coagulée des éléments. L’épreuve de l’Eau est la dissolution du Mercure qui est en nous. Il faut dissoudre les imperfections de l’être afin de pouvoir renaître, il faut laver les souillures de la Pierre brute avant de la tailler. Le troisième voyage est l’épreuve du Feu. Les métamorphoses de l’être, les transmutations des métaux vils en or ne peuvent se faire que grâce au Feu purificateur. Ce n’est pas le feu «profane»mais le Feu alchimique, celui qui détruit et purifie, qui consume et régénère, qui brûle et éclaire, qui permet de changer d’état. La spiritualisation de l’être se réalise par le Feu. Pour Carl Gustav Jung, père de la psychologie des profondeurs, le Grand Œuvre préfigure le chemin de développement de l’âme humaine au sein des mondes de matière, ainsi, l’Œuvre alchimique est inséparable de la propre transmutation de l’opérant. L’alchimie est une discipline de travail intérieur, d’extraction et de sublimation des trois principes Mercure, Soufre et Sel pour les réunir à nouveau, mais purifiés. L’alchimiste et le franc-maçon deviennent ainsi eux-mêmes cette Pierre philosophale permettant de devenir « de l’Or », symbole de l’esprit accompli.               
 L’Allégorie alchimique dans la loge symbolique du R.E.A.A. Viviane Starck. Editions de la Hutte.