6/ L’initiation
est une purification, elle comporte plusieurs épreuves
indispensables pour se régénérer, renaître et se dépasser. Ce
sont les épreuves de la Terre, de l’Air, de l’Eau et du Feu ; il
s’agit là des quatre éléments alchimiques, non des composants
concrets dont ils portent les noms. La théorie des quatre éléments
est présente dans de nombreuses traditions très anciennes, comme en
Grèce au VIe siècle avant notre ère, et fait aussi partie de la
tradition alchimique. En franc-maçonnerie, les épreuves de la
Terre, de l’Air, de l’Eau et du Feu que subissent les
récipiendaires lors de la cérémonie d’initiation, reproduisent
les quatre opérations du Grand Œuvre alchimique, les quatre
purifications qui se rapportent aux quatre éléments ; elles aident
l’impétrant à se débarrasser de ses préjugés, de ses fausses
valeurs. La première épreuve de purification est la putréfaction
de la materia prima, elle s’effectue dans le cabinet de réflexion,
c’est l’épreuve de la Terre. Le récipiendaire poursuit sa
purification dans le temple, il franchit la porte basse, celle qui
permet de quitter la vie profane pour
s’engager dans la voie
initiatique, celle qui mène à l’Être essentiel. Le premier
voyage est aussi une épreuve de purification, c’est l’épreuve
de l’Air, le récipiendaire traverse un souffle de vie. L’Air est
le support de la volatilité, le mental peut ainsi passer de la terre
au ciel, symbole de la spiritualité. L’épreuve de l’Air figure
la sublimation de la partie volatile de la materia prima: la pierre
doit être dépoussiérée avant de pouvoir être travaillée.Le
deuxième voyage est l’épreuve de l’Eau. L’Eau n’est pas
ici, comme on l’imagine trop souvent, l’eau commune qui s’écoule
du robinet, mais bien l’Eau des alchimistes, c’est-à-dire le
Mercure philosophique, principe femelle présent dans tous les corps,
la quintessence coagulée des éléments. L’épreuve de l’Eau est
la dissolution du Mercure qui est en nous. Il faut dissoudre les
imperfections de l’être afin de pouvoir renaître, il faut laver
les souillures de la Pierre brute avant de la tailler. Le troisième
voyage est l’épreuve du Feu. Les métamorphoses de l’être, les
transmutations des métaux vils en or ne peuvent se faire que grâce
au Feu purificateur. Ce n’est pas le feu «profane»mais
le Feu alchimique, celui qui détruit et purifie, qui consume et
régénère, qui brûle et éclaire, qui permet de changer d’état.
La spiritualisation de l’être se réalise par le Feu. Pour Carl
Gustav Jung, père de la psychologie des profondeurs, le Grand Œuvre
préfigure le chemin de développement de l’âme humaine au sein
des mondes de matière, ainsi, l’Œuvre alchimique est inséparable
de la propre transmutation de l’opérant. L’alchimie est une
discipline de travail intérieur, d’extraction et de sublimation
des trois principes Mercure, Soufre et Sel pour les réunir à
nouveau, mais purifiés. L’alchimiste et le franc-maçon
deviennent ainsi eux-mêmes cette Pierre philosophale permettant de
devenir « de l’Or », symbole de l’esprit accompli.
L’Allégorie alchimique dans la loge symbolique du R.E.A.A. Viviane Starck. Editions de la Hutte.
L’Allégorie alchimique dans la loge symbolique du R.E.A.A. Viviane Starck. Editions de la Hutte.