jeudi 25 avril 2013

ATHANOR

 9/  C’est en taillant sa Pierre brute que le franc-maçon peut accéder à la phase de purification, l’Œuvre au rouge, ou Grand Œuvre. Le rouge, couleur de la Pierre philosophale, incarne la phase ultime de la conduite du Feu, il ouvre la voie vers l’Or spirituel, c’est-à-dire la pleine réception de la pleine Lumière ; c’est la transformation de la Pierre brute en Pierre cubique à pointe, symbole de la Pierre philosophale. Marcel Proust écrivait  : « Le seul véritable voyage, ce ne serait pas d’aller vers de nouveaux paysages, mais d’avoir d’autres yeux. » La vocation profonde de l’initiation maçonnique est d’apprendre à voir « autrement », de donner « d’autres yeux », de permettre un autre regard sur l’univers des êtres et des choses. Il est certain que le franc-maçon ne peut devenir lui-même que s’il veut avec force se dépasser dans une recherche, une action ou une œuvre qui sont à la fois la condition et la raison d’être de ce dépassement. Chaque franc-maçon est en route pour


sa quête initiatique. L’initié essaie toute sa vie de se dépasser, sur le plan de l’application des grands principes moraux. Il est initié, parce que chaque jour il tente un nouveau commencement. Chaque matin, il se remet en chemin. Aujourd’hui, il se doit d’être plus avancé qu’hier, et demain il lui faudra être plus valable qu’aujourd’hui. L’initiation en franc-maçonnerie n’est pas l’aboutissement d’une réflexion, mais un nouveau départ vers Soi. Elle permet à toute femme, à tout homme de découvrir en eux ce qui est Sagesse, Force et Beauté, de mettre au jour ce qui, en eux, est amour et vérité, car en goûtant au calice d’amertume, le récipiendaire a bu, comme le dit Oswald Wirth, « l’Eau de la vie ». La franc-maçonnerie ne s’apprend pas dans les livres, et il ne suffit pas d’être initié pour être franc-maçon. Il faut vivre la franc-maçonnerie et la vivre sous la voûte étoilée. Le franc-maçon laisse ses métaux vils à la porte du temple et ses gants ont la couleur de l’Œuvre au blanc, il ne sait ni lire ni écrire et ponctue les mots avec trois points disposés en triangle. Ces trois points sont, en alchimie, un des symboles de l’Huile... L’Huile : symbole de lumière et de pureté. L’huile rouge est celle qu’on appelle la Pierre des sages, c’est-à-dire la Pierre philosophale. C’est en descendant au plus profond de lui-même que le franc-maçon peut trouver cette base solide qui lui permet de se réaliser pleinement. La Pierre brute est sa materia prima. Il faut la tailler pour parvenir à obtenir la Pierre philosophale : la Pierre des Sages. Là est la quête du franc-maçon, la recherche de la Pierre philosophale, cette pierre capable de changer un métal vil en Or, base du Grand Œuvre, symbole de la régénération de l’homme et de l’humanité. S’il trouve cette pierre, il atteindra la Force de toute force, la Beauté et la Sagesse. Il ne trouvera pas la Lumière, mais il peut découvrir le germe de la Lumière, il ne trouvera pas la richesse, mais l’Or qui est en lui. La quête de la Pierre philosophale est le moyen de transformer le Plomb d’une existence ordinaire en Or d’une vie merveilleusement extraordinaire. Si le chemin de l’Art Royal, qu’est la franc-maçonnerie, a un point de départ, il n’a pas d’arrivée, il est sans fin, sans limites, et si l’initié progresse sur ce chemin il atteindra, peut-être, le centre de son labyrinthe intérieur. La clé de voûte de son être où sont inscrites en lettres majuscules les lettres V.I.T.R.I.O.L. Cet athanor où il peut réaliser le Sel alchimique, sa Pierre philosophale, la quintessence de son être.
L’Allégorie alchimique dans la loge symbolique du R.E.A.A. 
Viviane Starck.  Editions de la Hutte.