mercredi 9 juin 2021

CHARLOTTE PERRIAND

 


Les années vingt. Après le grand carnage, on croit au progrès libérateur. Paris dégueule ses pauvres au delà des fortifications. La tuberculose sévit dans la zone. Les architectes visionnaires inventent des formes nouvelles pour des hommes nouveaux. Nature-Lumière-Espace-Soleil sont les mots d'ordre.  Charlotte Perriand, jeune diplômée des arts déco fait ses offres de service auprès du maitre Le Corbusier. "Ici, on ne brode pas des coussins" lui assène t-il. Il se ravise, discernant en la jeune designer à la coupe garçonne celle qui pourrait meubler ses "machines à habiter". Quelques fauteuils tournants, chaises longues basculantes toujours tendance, cuisines ouvertes, maison au bord de l'eau plus tard... il se fâchent. Pétrie d'idéaux humanistes et socialistes, amie de Fernand Léger, membre de l'UAM (union des artistes modernes) elle croit en la modernité,  l'industrialisation et la démocratisation du beau... 1940. La jeune femme embarque pour le Japon avant son entrée en guerre aux côtés de L'Allemagne. Elle y perfectionne la pureté et le gout du vide. Indochine... 1946 -Retour en Europe. Perriand retrouve Prouvé et le métal plié, invente la bibliothèque "nuage", le mobilier modulable, construit son chalet à Méribel et meuble la Cité des Arcs... puis, vieille dame s'éteint en 1999. Les concepts urbanistiques des bâtisseurs visionnaires n'ont pas tenu leurs promesses, repris par des suiveurs avides et sans talent. Nos cités carcérales en témoignent. Restent quelques fulgurances, quelques courbes, le corps, la couleur et le beau sourire de la liberté.  "L'art est dans tout, l'art est dans la vie et s'exprime en toute occasion et en tout pays".