dimanche 7 octobre 2018

AZNAVOURIAN



Le grand Charles est parti au paradis rejoindre Truffaut, Piaf, Montand, Ventura, Biraud, Serrault... et prendre sa place dans le long cortège des saltimbanques. Il nous laisse pleurer la mamma avec Giorgio le fils maudit, parler d'un temps que les moins de 94 ans ne peuvent pas connaitre, dans un taxi quelque part du côté de Tobrouk, dans un très vieil appartement, une soute à charbon... Jeune homme je braillais "La jam", "Emmenez moi au bout de la terre", "la bohème". J'aimais, tout en trouvant vieux le registre. J'ai eu un rapport ambigu avec le plus célèbre des arméniens. Est ce son rapport à l'argent, sa swiss attitude, son côté Sinatra français, son désir forcené de reconnaissance ou le sentiment que le meilleur de son travail était derrière lui? Mais on n'aborde pas l'art par le biais de la critique... L'artiste Aznavourian nous lègue 1000 chansons dont certaines d'anthologie, un angle d'attaque sensible autour de thèmes sulfureux, un engagement humanitaire et politique, 80 films - 5 chefs-d'oeuvre et quelques nanars, une gueule, sa gentillesse, la volonté de réussir et la preuve que parfois en France carrière est ouverte au talent. Une page se tourne. Le grand "petit homme" n'est plus et les lilas sont morts.