vendredi 8 décembre 2017

1/ NOIR C'EST NOIR



Quel déchainement de passions autour de la disparition de notre rockeur national. D'abord, ne pas lui reconnaitre une présence animale sur scène interdirait tout dialogue... Ensuite, sa trajectoire comporte de nombreuses similitudes avec celle d'un autre monstre sacré: Edith Piaf née  Gassion. Petite condition, père absent, enfant de la balle, nom d'emprunt, radio crochet. Les deux sont avant tout des voix,  des "organes" irréels qui ne composent pas (Piaf a écrit mais ses grands succès l'ont été par d'autres )  sachant s'entourer de grands musiciens et paroliers. Ni l'un, ni l'autre ne sont des militants. Piaf sera embêtée à la Libération pour le "flou artistique" de ses voyages en Allemagne pendant la guerre, Johnny pour ses démêlées avec le fisc. Elle n'est ni Joséphine Baker ni Gabin - Il n'est ni Coluche ni Ferrat. Ils aiment l'ordre établi, l'argent, privilégient leur carrière, consomment drogue et alcool et ont une vie privée tumultueuse. Les deux meurent décatis, accompagnés d' un compagnon beaucoup plus jeune. Leur mort éclipse celle d'un écrivain mort un jour plus tôt: Cocteau et d'Ormesson, deux auteurs talentueux mais pas majeurs. Ces "soleils noirs" incarnent et  accompagnent au cours de leur carrière contrastée, le peuple (qui ne connait pas une vingtaine de leurs chansons?) son âme, son énergie, sa capacité à s'adapter et son instinct de vie. Celui ci, touché par leur chant primordial pardonne les écarts - puisque finalement ces deux-là leurs ressemblent - et les pleurent dans la mort. Paradoxalement la môme en noir réussira mieux en Amérique que le grand blond tatoué fou de Harleys. Les yankees n'aiment pas qu'on les copient. Alors deuil ou funérailles nationales comme Victor Hugo? C'est cocasse, mais laissons mourir les artistes qui ne reviendront plus. Le temps de s'indigner de choses graves reviendra...