Un corps, un arbre, un individu , une
société - cela vit - cela meurt - cela tombe malade. On lui découvre
une tumeur, une branche pourrie, une infection, un terrorisme. On
s'affole, on soigne, on coupe, on détruit le membre infecté, le
bois rongé pour que la gangrène , le champignon, les métastases
n'envahissent la partie saine. La mort ne pointera pas forcément son
nez, mais le temps du traitement, de l'amputation, de la guerre,
interrogeons nous sur la lésion, l' anomalie... Interrogeons nous
sur la sève qui irrigue le vieil arbre, sur la vigueur de ses
bourgeons, leur chance d'éclore, sur l'individu transformé en bête
fauve , et la folle barbarie de la branche malade -ou pourquoi-
griffés dans l' écorce les serments enlacés des amoureux de notre
enfance ont laissé place aux coups de canif de haine ? A ne prendre que des poses avantageuses, ou guerrières, ignorant l'histoire, la frustration, le sentiment d' exclusion, les cellules cancéreuses
risquent fort de proliférer. Qu'avons nous raté dans l'exigence et la transmission d'un idéal ? Quel modèle proposons nous, quelle image donnons nous à voir, de nous mêmes, de nos institutions , de nos valeurs qu'une certaine jeunesse lui préfère le fric, la délinquance, le fanatisme ?