Un jour il faudra que je me débarrasse
de Napoléon, de son aura, de ses batailles et de l'épopée
savamment ré-écrite et orchestrée. Je sais : la guerre d'Espagne,
les morts d'Eylau, les blessés abandonnés, le despote. Je sais :
l'esclavage rétabli, Toussaint Louverture, la presse muselée, la
police de Fouché. Je sais tout cela et le reste. Pourtant je
n'arrive pas à gommer Bonaparte de mon imaginaire. Ce général né
de la Révolution fourvoyée, engluée dans la terreur, consommant l'
échec du peuple souverain. Ce « despote éclairé »
attendu par les philosophes des lumières (qui se fichaient comme de
l'an 40 de la démocratie) - C'est lui ! -
Ce chat botté apporte aux peuples
qu'il libère en même temps qu'il les envahit le sentiment
patriotique et donne au passage une colonne vertébrale au pays.
Rien de rationnel ici, mais j'aime l'idée d'un jean-foutre qui tient
tête aux emperruqués de l'ancien régime arrimés à leurs
privilèges ; qui met à la tête de ses divisions des généraux
de vingt ans . J'aime cette idée ou cette chimère
révolutionnaire : « Carrière ouverte au talent ...» Dommage ! Plus tard il la
pervertit et reprend à son compte ce qu'il a mis à bas :
noblesse de pacotille, cour de parvenus, système clanique, pouvoir
sans partage. Ne refaisons pas l'histoire et n'oublions pas que la
Franc-maçonnerie était un des piliers de l'Empire, ( Même si les
maçons prompts à s'enflammer verront ensuite en lui un tyran) ...que celle ci ne renaitra qu'avec le second Empire et la troisième
République. Butinons , les abeilles. Rendons à César ce qui est à
César et à
Gadlu ce qui est à Gadlu.